1/ Censure du courrier
La censure du courrier étranger a été décidée le 4 juin 1940 (effective le 6 juin). Le courrier domestique n’est censuré qu’à partir de septembre 1944 (sauf dans la région d’Ukraine subcarpatique, où une censure occasionnelle a débuté en 1941).
De juin à Novembre 1940, le courrier en provenance de l’Empire britannique n’était pas re-censuré
Il existe de nombreuses marques de censure. Sur le courrier civil, le mot Ellenorizve (examiné) ou cenzuràlva (censuré) sur une ligne. On encontre ultérieurement un cercle avec un blason (et l’acronyme PEKIR = Commission de contrôle postal), ou un rectangle avec un texte trilingue.
Sur le courrier militaire, un rectangle ou un ovale avec au centre le mot «Ellenorizve», ainsi qu’éventuellement une date, une signature.
Les bandes de fermeture ont un blason, et un texte qui peut se traduire par « ouvert, conformément de la directive du Ministère de la défense basée sur le texte de loi numéro II de 1939, paragraphe 152 ».
Le courrier vers l’étranger (Ouest de la Hongrie) était généralement censuré, parfois une deuxième fois, par les Allemands à Vienne (lettre « g »). Au début de la guerre (1940), le courrier vers , par exemple, la France pouvait être censuré par les italiens
Quelques lettres « spéciales »
Exemple d’une lettre postée des USA pour la Hongrie, juste avant la déclaration de guerre de l’Allemagne (le 11 décembre 41), mais quand même retournée par les autorités américaines à l’expéditeur.
La lettre ci-dessus a été expédiée de Hongrie pour la Boite postale « undercover » des FFL à Lisbonne, d’où elle a été transmise aux FFL à Londres. On note une bande de censure des autorités hongroises, anglaises, françaises (à Londres) mais pas allemandes. Etonnant.
Après la guerre, le texte Ellenorizve est parfois traduit en russe.
2/ Correspondance militaire
Le 24 juin 41, Horthy envoya des troupes sur le front de l’Est. Elles furent retirées en avril 43 (et les ouvriers hongrois d’Allemagne furent rappelés).
A partir du 29 mai 1942, 20 000 allemands résidents en Hongrie mais de souche allemande entrèrent dans la Waffen SS, puis 80 000 « allemands » supplémentaires entre l’été 43 et septembre 44. Tous ces soldats utilisaient les services de la Feldpost, en franchise.
Le 19 mars 44, les troupes allemandes occupent le pays : elles craignaient un retournement des hongrois. Peu après, des unités hongroises furent intégrées aux forces allemandes (voir l’ouvrage de Kreft pour plus de renseignements).
Le 23 septembre 44, les premières troupes soviétiques traversent la frontière (de 1939) hongroise, près de Szeged.
La carte postale ci-dessous a été postée par un soldat soviétique à Budapest, en janvier 45, alors que les combats pour la libération de la ville font rage
On peut donc trouver ces correspondances militaires de ces différentes troupes (voir ci-dessus des exemples de cartes militaires de soldats hongrois, dans la rubrique ‘censure’).
Des hongrois ont combattu dans des unités allemande jusqu’en France. Ci dessous un avis de capture par les troupes américaines basées en France
Le catalogue italien Alès indique qu’un bureau de poste militaire italien (PM 89) a fonctionné en Hongrie du 15 février 42 au 31 octobre 43 et PM 102 du 16-7-41 au 1-8-41.
La carte ci-dessous est revêtue d’un cachet de la poste militaire PM 3200. Mais il s’agit d’un numéro de « regroupement ». On peut voir, dans l’adresse à gauche de la carte, le mot « Budapest »
3/ Camps de prisonniers et d’internés
A la fin de la guerre entre le Reich et la Pologne (octobre 39), environ 40 à 45 000 civils et soldats polonais trouvèrent refuge en Hongrie (certaines sources indiquent 100 000 personnes: chiffre difficile à vérifier car, tout au moins dans un premier temps, certains réfugiés transitaient par la Hongrie – pour aller en Yougoslavie- sans être enregistrés par les autorités hongroises)
Les spécialistes (cf articles parus dans American Philatelist) distinguent 3 périodes :
- de septembre 39 à fin 40. Les militaires sont désarmés et internés dans environ 150 camps (la liste varie selon les auteurs). Les militaires sont internés. Quant aux civils, cela dépend: s’ils ont de l’argent, ils peuvent séjourner là où ils le souhaitent (ceux sans ressources seront hébergés dans des camps- une centaine-, qui peuvent être les même que ceux des militaires. Pendant cette période, les départs vers la Yougoslavie sont nombreux, voire encouragés par les autorités hongroises.
- de début 41 à mars 44, la situation se stabilise. Beaucoup de polonais sont partis, le nombre de camps est réduit (une trentaine), les départs vers la Yougoslavie deviennent impossible en raison de l’invasion allemande des Balkans.
- de mars 44 (entrée des troupes du Reich en Hongrie) à la libération par les russes, la situation est plus compliquée. Il resterait quelques milliers de prisonniers lors de l’arrivée des allemands. Certains seront déportés (par les allemands…ou les soviétiques)
Les internés militaires bénéficiaient le la franchise. Le courrier était revêtu d’une marque de censure (la même que celles décrites ci-dessus), ainsi que du texte « belligérant interné », « sans taxe », « Nefrancat », ou une marque du camp. Le support utilisé pour écrire varie (carte pré-imprimée, carte de poste militaire hongroise…). Les civils (même internés) devaient affranchir leur courrier (mais, à partir de mars 40, ceux internés dans un camp militaire bénéficieront de la franchise).
La plupart des 40 000 soldats polonais internés dans les camps hongrois purent aisément s’évader pour rejoindre au Moyen Orient et en France leur nouvelle armée en formation.
- Internement d’opposants politiques, de juifs. Avant d’être déportés en 1944, les juifs hongrois (hommes) ont été envoyés dans des camps de travail, puis regroupés dans des ghettos (à partir de mars 44). La lettre ci dessous est une photo que j’ai prise au musée de l’holocauste de Budapest. Elle a été envoyée par un juif envoyé dans un camp de travail en Hongrie
Quelques exemples de camps :
Balatonboglar, Balatonfoldvar, citadelle de Budapest, Banreve, Dormos, Eger, Estergom, Györ, Inames, Komarom, Jolsva, Nagycenk, Nagikanizsa, Simlos
Puis les juifs hongrois furent déportés dans des camps de la mort.
- A la fin de la guerre, certaines unités hongroises combattaient au côté des soviétiques, d’autres aux côté des allemands. Les prisonniers allemands étaient remis aux soviétiques. Ils ont pu envoyer des lettres.
De plus, environs 20 000 allemands de souche (volkskeutsche) furent internés à la libération.
4/ Camps de concentration et de prisonniers
Stich, dans son ouvrage, cite les camps de Gsoergoci et Baja. Je n’ai pas d’information sur ces camps et les éventuels courriers envoyés ou reçus par les prisonniers. Le musée de l’Holocauste de Budapest indique qu’il y avait 3 camps de concentration en Hongrie, 50 camps de transit, 150 ghettos.
13 000 hongrois trouvèrent la mort à Mauthausen, suite aux déportations qui ont eu lieu en 2 vagues principales (mi mai- début juin 44 puis mi octobre -fin novembre 44, lors de la prise de pouvoir par les Croix Fléchées).
Lors de l’arrivée des troupes soviétiques, de nombreux hongrois (alliés des allemands) ont été fait prisonniers et envoyés en URSS. Ci-dessous une carte-lettre expédiée par un hongrois prisonnier. Lettre transmise par la Croix Rouge, censurée , à destination d’une ville près de Budapest :
5/ Croix Rouge
Premier pli de Hongrie vers la Croix Rouge :15 juin 1940 (195 000 plis au total). Un exemple ci-dessous :
6/ Cachets commémoratifs d’occupation de pays voisins
Dès l’occupation de la Ruthénie méridionale, prise à la Tchécoslovaquie, (suite à l’arbitrage de Vienne le 2 novembre 38), des cachets dits « Visszatert » (retour à la mère patrie) sont apposés sur des timbres hongrois ou tchèques (couronne de Saint Étienne, Ville, Visszatert » dans un cercle). Il en existerait une douzaine différents (villes de Ipolysag, Munkack,Kassa, Komarom…)
Des cachets similaires seront apposés sur des timbres tchèques lors de l’annexion d’une partie de la Slovaquie en mars 39 (cachets moins nombreux qu’en 1938), puis en 1940 (partie du territoire romain annexée : plus de 20 cachets commémoratifs existent). Dans ces territoires, des timbres hongrois sont seront utilisés. Enfin, lors de l’annexion des territoires yougoslave (en avril 41), une douzaine de cachets ont été utilisés.
Cachet Visszatert en Yougoslavie (1941):
Il est à noter que les postes hongroises avaient en stock un certain nombre de cachets avec la couronne royale, mais sans nom de ville. Ainsi, dès les annexions, des cachets provisoires ont pu être fabriqués. Puis des cachets définitifs bilingues ont été utilisés.
Exemple de flamme
Cachet allemand commémorant la visite de Horty en Allemagne en Aout 38:
Exemple d’un cachet commémoratif :
