Levant: la censure pendant la période gaulliste

Période « Gaulliste « : Après juillet 41 jusqu’à la fin de la guerre. La censure est effectuée par les F.F.L. (source : outre les ouvrages de Wolter et de Deloste, j’utilise les brochures de Zimmerman et de Robertson)

Dès mi juillet 41, les cachets de censure « pétainiste » ne sont plus utilisés (seuls les cachets de lecteur figurent sur les lettres en attendant  la fabrication des cachets avec croix de Lorraine). Le 4 aout 41, la censure est officiellement mise en place. Outre les lettres expédiées par la poste, une surveillance stricte est effectuée sur les documents écrits (lettres comprises) transportés par les militaires français rapatriés en France, ainsi que les personnes franchissant les frontières (en particulier avec la Turquie, l’Iraq). Le courrier en transit depuis/vers la Turquie est particulièrement surveillé

Alep était un centre de contrôle très important, à la croisée de la voie ferrée venant d’Europe (courrier de Turquie entre autre) et se divisant en 2 branches, une allant vers Damas, Beyrouth… et l’autre vers la Syrie, l’Inde (et au-delà les USA). Mais le centre de censure d’Alep contrôlait aussi le courrier local. Les courriers transitant par ce centre recevaient un cachet (sous forme de chiffres) indiquant la date (codée) du contrôle, et un nombre manuscrit (attribué à chaque censeur) était noté sur la bande de fermeture (en octobre 43, selon Robertson, le nombre manuscrit donne plusieurs informations codées en plus du nom du censeur). Puis un cachet de censure était apposé. Le premier cachet avec croix de Lorraine connu date du 29/12/41. La censure cesse à Alep le 6 septembre 1945.

Damas était le bureau ayant le moins de correspondances à censurer. C’est le 1er des 3 bureaux à avoir été mis en place par les FFI (les premières lettres portant un cachet de censure FFI date de juillet 41 : il s’agit du cachet circulaire avec croix de Lorraine et un nombre allant de 2 à 11, remplacé peu après par le cachet CP). Selon Robertson, la censure cesse dans ce bureau mi mai 45.

Selon un article de Timbre Magazine, début 1942, « le contrôleur général du contrôle postal (au Levant) est reconnu comme agent de la censure impériale (anglaise) » ! Des officiers de liaison anglais sont affectés à Alep et Beyrouth pour éventuellement censurer des correspondances déjà censurées par les français.

Le courrier entrant, sortant, ou en transit est contrôle. Le courrier entre les 2 territoires (Syrie – Liban) était contrôlé 2 fois. Le courrier « domestique » (Liban-Liban ou Syrie-Syrie) était parfois aussi censuré.

On trouve en vente beaucoup de lettres Turquie – USA (voire RU) censurées au Levant, ainsi que Roumanie et Bulgarie vers ces 2 pays (et Suisse). Mais rien dans l’autre sens !

En juin 1945, le courrier domestique n’est plus censuré. Le courrier de/vers l’étranger (ou en transit) continue à l’être jusqu’à début 1946 (d’autres sources indiquent 6-9-45 à Alep)

Les correspondances militaires après avoir été censurées au départ par les « officiers de sécurité des corps et service » sont parfois censurées à nouveau par les « Base Censor » anglais et/ou les censeurs des FFL d’Alep de Damas ou de Beyrouth.

Les cachets précédents ne sont plus utilisés. Une multitude de cachets (plus de 40), généralement circulaires et comprenant généralement une croix de Lorraine, deux lettres et parfois un nombre sont utilisés.

Les lettres C.P. (pour  » Censure Publique », une autre source indique « Contrôle Postal »), S.C. (« Sécurité Civile », une autre source indique « section commerciale », pour la censure des correspondances commerciales), S.R. (« Section des recommandés ») et P.E. (un article de Timbre Magazine indique que ces lettres sont peut-être l’abréviation de « Presse Étrangère ») figurent sur les cachets de censure des correspondances des civils, tandis que les lettres S.M. (Sécurité militaire ou section militaire) et C.M. (Censure Militaire ou contrôle militaire) sont utilisées sur les correspondances militaires. Il n’y a pas de rapport entre les lettres des cachets et la ville d’utilisation (Beyrouth, Alep ou Damas).

1/ C.P.: Le cachet avec les lettres CP existe de forme circulaire (CP en bas du cercle à Beyrouth, en haut à Alep et, à Damas la lettre C en  haut et le P en bas) ou semi circulaire (uniquement à Beyrouth, avec un nombre de 1 à 3 chiffre en partie basse du cachet). Dans la version circulaire, il existe une version avec 1 ou plusieurs chiffres en plus des 2 lettres CP, ainsi qu’une version avec la lettre R en plus (Alep, rare car utilisé en juin 45 uniquement). A Alep, un chiffre 2 à 7 est connu (à partir de mi-42), 1 à 4 à Beyrouth (ainsi que la version semi-circulaire) et uniquement un nombre allant de 2 à 11 à Damas (sans les lettes CP) – cachet utilisé à partir de juillet 41 pendant quelques semaines.

 

2/ S.C.: Le cachet SC n’a qu’une version (idem pour SR et PE). D’après Robertson, ils ne sont utilisés qu’à Beyrouth.

 

3/ C.M. Le cachet CM n’a que 5 versions (3 à Beyrouth, 1 à Alep et 1 à Damas), et le cachet SM qu’une seule (Beyrouth).

On rencontre aussi (à Beyrouth et Damas) les cachets « NON CONTRÔLE »,  « NON/CONTRÔLE « ,  » NON/CONTRÔLE/AU/DÉPART », les 2 lettres S.C. en gras, des cachets linéaires de 1 à 6 chiffres et d’autres cachets circulaires ou triangulaires. Tous ces cachets existent dans nombreuses couleurs différentes (normalement apposé en plus du cachet circulaire):

Quant au cachet triangulaire (Croix de Lorraine / nombre / CENSURE), il s’agit d’un contrôle au départ des correspondances militaires (on rencontre aussi ce cachet en France). Rare.

Les bandes de censure sont, selon Wolter, de 7 dimensions différentes, de 6 couleurs différentes, mais ont toujours le mot « CONTROLE ». Zimmermann distingue 12 types de bandes.

Enfin, après avoir lu la lettre, le censeur inscrivait sur l’enveloppe (et sur la lettre) un numéro manuscrit.

Enfin, entre juin et septembre 1945, les anglais semblent avoir repris la main sur la censure du courrier (ou de certains courriers) puisqu’à cette date, les lettres ont un cachet de censure en anglais (« EXAMINED »). Selon Robertson, cette marque n’a été apposée qu’à Alep.

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