Autriche: Marcophilie 1938-45 (sauf cachets commémoratifs)

 

Plan :

  1. Censures
  2. Correspondance militaire (Reich, italiens)
  3. Camps de prisonniers
  4. Camps de concentration
  5. Croix rouge
  6. Undercover

1 Censures

Il n’existe pas de censures spécifiques à l’état autrichien.

On peut distinguer les censures postales imposées par le Reich, suite à l’Anschluss puis celles de l’occupation des troupes alliées à partir de 1945

 1-1 Contrôle postal du Reich

1-1-1    Contrôle des devises, effectué à Vienne (en fait, parfois, le contrôle des devises entrainait aussi un contrôle des communications – censure déguisée !). Le contrôle des devises a été mis en place peu après l’Anschluss (mars 38)

La bande la plus courante refermant les enveloppes (Zur Devisennüberwachung Zollantlich geöffnet = ouvert par les douanes pour le contrôle des devises) est presque identique à celle utilisée en Allemagne, (la seule différence est le « h » de « tich » qui est droit sur la bande autrichienne). Au début, des bandes de type allemand ont été utilisées avant les bandes spécifiquement « autrichiennes ».

Il existe aussi des bandes utilisées juste après l’Anschluss (dessin en forme de cercles sur la bande et cachet manuel sur 2 lignes). On trouve aussi des cachets apposés sur la bande de fermeture (texte dans un rectangle ou losange). Le cachet peut être apposé sur une lettre sans bande.

  1-1-2  Contrôle du courrier

Le bureau de censure de Vienne, à qui est attribuée la lettre « g », a été mis en place par les allemands vers Octobre ou Novembre 1939 (certains spécialistes indiquent le 1er décembre 39). Comme pour les autres régions du Reich, le courrier interne n’était pas examiné. Le bureau de Vienne censurait :

– Le courrier entre le Reich et la Bulgarie, Croatie,  Grèce, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Turquie et Yougoslavie (et Serbie/Croatie après 1941).

– Le courrier en transit originaire de France, Italie (et Vatican) et Suisse à destination des pays ci-dessus ainsi que les lettres France-Levant

– Le courrier des prisonniers de guerre italien en Égypte

– Le courrier des internés allemands en Palestine et Égypte (entre octobre 1940 et mars 1941), et aussi d’Iraq et Inde anglaise (entre Janvier et mars 41)

– Certains courriers de la Feldpost de Vienne à partir de mai 43

Certains courriers indicés 7a, 9a… de prisonniers dans la région Adria et Alpenvorland à  partir de mi 44  (voir détails dans le Landsmann page 257).

Il est à noter que les enveloppes contenant des indications sur des brevets sont envoyées à Berlin pour y être examinées.

Le bureau de Vienne a fonctionné jusqu’à Avril 45.

Les cachets étaient apposés sur la bande de fermeture, pour indiquer que la lettre pouvait être remise dans le circuit postal.

Les marques sont les suivantes :

Cachets manuels

  • Cercle de diamètre 34 à 36 mm avec, au dessus, le mot Geprüft (utilisés jusqu’à aout 44) Le catalogue de Landsmann distingue 6 variantes (mineures) avec le texte « Oberkommando der Wehrmacht » – utilisé entre janvier 40 et aout 44- et 2 versions avec le texte « Auslandsbriefprüfstelle Wien » ( = bureau de contrôle des correspondances étrangères) – ce cachet est beaucoup plus rare et aurait été utilisé ponctuellement en juillet/aout 1940.
  • Simple ou double cercle, diamètre 28 ou 31 mm, avec le texte « Zensurstelle » ou « Prüfstelle », 2 fois la lettre « g » et « Geprüft » en dessous. Cachet utilisé entre fin 44 à avril 45. En effet, à partir de mi 44, la censure n’est plus effectuée par la Wehrmacht, mais par la SS. Le texte change donc sur les cachets (et sur les bandes de fermeture).
  • Un cercle diamètre 20 à 22 mm, avec la lettre Ag, apposé sur la bande de fermeture (assez rarement), lorsque les enveloppes étaient ouvertes au bureau de poste autrichien et plus généralement sur les enveloppes non ouvertes (en transit) ou les cartes postales. Il existe 2 versions de la police de caractère: latin (à gauche) et gothique  (à droite).
  • Enfin, le reçu de colis postal ci-dessous a reçu une marque de censure (voir le mot « Geprüft » sur l’image de droite). Il a été déposé dans une ville autrichienne (Moosburg), je suppose donc que la marque de censure a été apposée dans celle ville:

Cachets « machine »

  • Cercles avec l’aigle et le texte « oberkommando der Wehrmacht » séparés par 2 à 7 lignes (entre mai 40 et octobre 44). 8 versions selon le catalogue Landsmann
  • Suite à la prise en charge de la censure par les SS, le texte change et devient « Zensurstelle » -utilisé entre septembre 44 et avril 45 (2 ou 7 lignes). Fin 44 à mi 45, un rare cachet machine a été utilisé

La lettre à droite a été postée le 19 janvier 1945 en Slovénie occupée par le Reich (Laibach). Affranchissement mixte (2 timbres du Laibach allemand et un timbre pour paquet poste italien non surchargé), destinataire Hohensalza, situé dans la partie de la Pologne annexée au Reich en 1939 (Wartheland). La ville est libérée par l’armée rouge depuis le 21 janvier. La lettre a été censurée (voir à gauche du verso le cachet linéaire rouge  mal frappé: 2 lignes) par le bureau de censure de Vienne, mais retournée à l’expéditeur (à San Marino ?). On distingue en vert une 2ème marque de censure

  • En février 42, utilisation d’une nouvelle d’apposition des bandes de fermeture (étroites) avec apposition d’un nouveau type de cachets : cachets linéaires sur des bandes kraft – aigle, GEÖFFNET (et lettre g en dessous), aigle, OKW (ou, à partir de septembre 44, Zensurstelle, aigle…).
  • Existe aussi, mais rare (février à août 44), un cachet linéaire avec 4 traits et un cercle avec Ag.

Censure de la Gestapo

  • La Gestapo a des cachets linéaires ou manuels (ronds) avec le texte : Geheime Staatspolizei (utilisé principalement sur les bande de fermeture des journaux). Dans les grands centres de censure, la Gestapo se chargeait de la censure des magazines/journaux étrangers.
censure le la Gestapo à Vienne

Bandes de fermeture

Outre les bandes de fermeture « contrôle des devises », et des bandes neutres de couleur marron (utilisées quand la machine de fermeture des enveloppes était en panne ?) les bandes suivantes ont été utilisées:

  • Cercle avec aigle (1 point sous l’aigle), et Geprüft entre 2 cercles (utilisée de décembre 39 à février 40 selon Landsmann) ou Geöffnet (après janvier 40) :
  • Cercle avec aigle (lettre « g » sous l’aigle), et « Geöffnet » entre 2 cercles. Deux versions existent : 2 mot successifs « Geöffnet » à au même niveau ou à des niveaux différents. (Le catalogue Landsmann indique que début 1941 a été utilisée une bande avec alternativement un « e » et un »g » sous 2 aigles, ainsi que 2 « e »)
  • D’octobre 44 à avril 45, le mot « Zensurstelle » remplace « Oberkommando der Wehrmarch » au dessus de l’aigle
  • Enfin, on rencontre très souvent une bande papier Kraft de 13 à 20mm (utilisée avec le cachet linéaire de petite hauteur)
  • Il existe aussi de nombreuses étiquettes ou cachets d’avertissement :

Quelques exemples de lettres en transit censurées par les allemands à Vienne

La plupart des lettres que l’on rencontre avec une marque de censure du bureau de Vienne concerne des lettes en transit. Les exemples ci-dessus concernent principalement des lettres en transit par l’Autriche (Slovaquie avec Bohême-Moravie, proche Orient et Europe de l’Est avec Europe de l’Ouest..). Mais on trouve aussi des lettres postées en Autriche pour un pays d’Europe de l’Est

Exemples de lettres entre la France et le Levant. La plupart des lettres entre la France et le Liban, à partir de l’armistice, et jusqu’à l’arrivée des troupes anglaises et de la France Libre (soit entre mi 40 et mi 41), qui sont expédiées par voie terrestre, sont ouvertes par les allemands à Vienne. Quelques exemples ci dessous:

La lettre ci dessous a été postée le 25 juin 1940 depuis le Cuirassé Lorraine, qui est à cette date basé en Égypte. Le destinataire est un militaire, a priori basé en France (envoi par avion). La lettre reçoit une 1ère censure égyptienne, avant d’arriver à Marseille (cachet d’arrivée du 4 avril 41). Le destinataire n’ayant pas été trouvé, la lettre est retournée. Elle reçoit une censure allemande à Vienne, puis une deuxième censure égyptienne avant d’arriver au Liban le 2 aout 41 (où la lettre est transmise à la poste aux armées):

1-2 Censure des alliés: voir article spécifique

2 Correspondance militaire

2-1 Troupes du Reich

Les troupes allemandes entrent en Autriche le 12/03/38. Jusqu’au 20 mai, les envois de la Feldpost bénéficient de la franchise de port. On trouve cependant des courriers affranchis de timbres allemands ou autrichiens.

 

Les numéros de cachet de la Feldpost utilisés sont, entre autres,  7, G10, 17, 27,54 , 238, 405, 407,413, 473, 570, 571, 572, 577, 573 (pour les cachets à simple cercle, mention FELDPOST) et 7,10,54 et 571 pour les cachets double cercle (mention DEUTSCHES FELDPOSTAMT…)

2-2 Troupes italiennes

La PM 90 a été basée à Vienne du 23/03/42 au 27/08/42 avant d’aller en Pologne) et la PM 89 Sez A du 30/12/42 au 09/09/43

3 Camps de prisonniers

3-1 Camps de prisonniers (par le Reich)

Ce sont les camps situés dans le district militaire XVII et XVIII.

  • District XVII

– Fin Septembre 39, le Dulag Kaisersteinbruch, situé à une trentaine de km de Vienne (ouvert un mois plus tôt) est renomé Stalag XVII-A. Les prisonniers français, suivi des yougoslaves, des russes sont les plus nombreux (entre 25 000  et 70 000 prisonniers selon la période).

– Fin octobre 39, le Dulag Krems-Gneixendorf (ouvert fin Septembre 39 au nord-ouest de Vienne) devient le Stalag XVII-B et le Dulag Döllersheim (ouvert dans la même région) devient le Stalag XVII-C. En Juillet 40, le Stalag XVII-B récupère les prisonniers du XVII-C, qui est fermé. Libéré par les russes le 05.05.45. Environ 55 000 à 100 000  (selon qu’on y intègre ou non les Arbeitkommando) prisonniers y étaient détenus, de toutes nationalités.

Ci dessous, exemple d’une photo envoyée par un prisonnier à sa famille (stalag XVII B)

– Attention : le Stalag XVII-D qui a fonctionné en 1941 sous ce nom, est situé en Pologne ! il s’agirait d’un « camp fantôme », ouvert à Pupping, en Autriche, transféré à Lublin et renommé Stalag 321 !

Oflag XVII A a fonctionné entre 1940 et 1945. Il comprend une majorité de français. A l’origine, il a été créé suite à la fermeture su Stalag XVII C (une partie devient le Stalag XVII A , une autre l’Oflag XVII A)

 

  • District XVIII

L’Oflag XVIII-B (ouvert en Octobre 39 en Carinthie) est transformé en Stalag XVIII-A en mars 41. Les prisonniers en prennent le contrôle le 8 mai 45. Il y avaient environ 45 000 prisonniers de toutes nationalités.

Lettre du camps XVIII A vers un camps de prisonniers (Italien) en Inde

Un « sub-camp » dénommé Stalag XVIII-A/Z, situé à une centaine de km, a fonctionné en septembre 44. Pas de marque postale répertoriée.

– En mars 41, la construction du Stalag XVIII-C (aussi appelé Stalag 317), situé entre Innsbruck et Salzbourg débute

Il est à noter que le Stalag XVIII-D (aussi appelé Stalag 306) est situé en Slovénie. Il a donc été ouvert après l’annexion d’une partie de ce territoire yougoslave par le Reich en juin 1941

Les Oflag XVIII-A  -B   -C, ont été ouverts en Octobre 39 . Ils étaient situés respectivement à Lienz, Wolfsberg et Spittal. Les prisonniers étaient français, belges et polonais. En mars 41, l’Oflag XVIII-B a été renommé Stalag XVIII-A et l’Oflag XVIII-C  a été renommé Stalag  XVII-B

– Le 07 février 41, l’Oflag XVIII-C, situé à Spittal (sud de l’Autriche), est renommé Stalag XVIII-B. Le 3 octobre 42, il déménage à Wagna, situé plus à l’Est. Puis à Pupping/Efferding le 31 mars 43. Il est alors renommé Stalag 398. De septembre 44 à début 45, il y avait aussi un camp d’internement (Ilag XVIII) à Spittal

 

  • Il y avait, bien sûr, comme partout sur le territoire du Reich, des camps de travail (dans ce cas, les courriers sont affranchis) pour les français du STO, par exemple

4 Camp de concentration

Le camp de Mauthausen, ouvert en Aout 38, est situé dans l’ancienne Autriche (200 000 prisonniers, dont la moitié périt). Fermeture: 5 mai 45

Camps de Mauthausen et quelques Kommandos

Dans ce camp périrent, entre autre de nombreux républicains espagnols qui s’étaient réfugiés en France (6 300 ont été déportés).

On trouve des enveloppes, papier à lettres, cartes postale, entiers (et, à partir de 1942, des triptyques qui remplacent les lettres sous enveloppes) à l’entête du camp (Mauthausen, et Mauthausen/Gusen). On trouve aussi des avis d’internement, des cartes bilingues (allemand + français ou espagnol) des cartes pour les commandos…

De  nombreuses marques existent (censure : une quinzaine différentes, des marques administratives, des cachets d’oblitération postales pour les commandos et des papillons d’instruction) Ce courrier est assez rare.

La lettre ci-dessous fait partie de ma collection

Les deux scans ci-dessous sont extraits du livre de Geissler:

Un deuxième camp (commando) était situé à Gusen (composé de 3 camps, Gusen I, II et III). Il était considéré comme un camp « jumeau » de Mauthausen. Il ouvre en mai 40 et ferme le 5 mai 45. Gusen est près de Linz

Il y avait aussi un camp de transit près d’Innsbruck.

Enfin, une société de Guernesey (Postal Auction) répertorie une dizaine de camps pour juifs originaires de cette ile en Autriche, sans préciser si des cachets spéciaux pour des éventuels courriers sont connus.

5 Croix Rouge

Lors de la déclaration de guerre, l’Autriche était intégrée au Reich. Ce sont donc les même formulaires Croix Rouge que ceux utilisés dans le Reich

En tant qu’état indépendant, le 1er message date du 23 juillet 1945. 185 222 messages ont été transmis via ce canal. L’ouvrage de Nadal sur les formulaires de la Croix Rouge recense 2 formulaires autrichiens, le 1er avec « requête de la Croix Rouge allemande », le 2ème avec le texte modifié (Croix rouge autrichienne). Le formulaire du CICR 61 a aussi été utilisé.

6 Undercover addresses

Box 100 à Vienne, qui transmettait des lettres de SS de/vers les territoires occupés

Box 110 et 113, à Vienne, qui transmettait des lettres de SS hongrois et roumains (les enveloppes portent un cachet « Absender: Wien62, Schliessefach 110 F.R.). Si un roumain veut écrire à son fils qui combat dans le SS, il met dans une enveloppe adressée à la BP 110 de Vienne une autre enveloppe avec le nom et le feldpost n° de son fils. Son fils, quand il répond, envoie la lettre à la BP 110, qui transmet à ses parents via la poste locale, avec comme adresse d’expéditeur la boite 110, FR (FR étant une entreprise qui a réellement existé).

Les volontaires suisses de la Légion Suisse postaient leur courrier au Liechtenstein et le faisaient transiter  par une agence SS autrichienne (à Feldkrich).