Poste de service allemande
Par décret du 7 avril 41, tous les envois postaux des civils allemands et des organismes militaires (courrier domestique) devait bénéficier de la franchise de port, et étaient acheminés par la poste norvégienne. La mention « Portofreie Dienstsache » devait être apposée (cachet, manuscrit) en plus d’un cachet indiquant le nom de l’organisme expéditeur. Des cachets muets (sans le nom de ville) étaient aussi utilisés.
Les envois pour l’étranger (y compris l’Allemagne) étaient traités par le Commissaire du Reich pour la Norvège qui les expédiait pour l’Allemagne en utilisant la Luftwaffe ou la Lufthansa.
En raison de l’augmentation du courrier officiel vers l’Allemagne (et ses « alliés ») à traiter, une poste allemande de service fut créée le 11/7/42 (Deutsche Dienstpost in Norwegen). Un premier bureau a ouvert à Oslo, puis Trontheim, Tromsö et Narvik.
Pour les civils allemands, qui envoyaient un courrier en Allemagne, existait un bureau de poste allemande à Oslo (cachet Deutsches Postamt).
Poste militaire
Français
Pour permettre aux militaires français en partance pour Narvik de correspondre, le B.P.M. 205 fut constitué en France le 17 avril 40. Il commença à fonctionner en Norvège à Harstad le 6 mai, puis repartit en Grande Bretagne le 6 juin, puis au Maroc, avant d’être dissout le 14 aout 40 à Grenoble.. Le B.P.M.405 n’utilisa pas des timbres mais des étiquettes de fortune (pour les recommandés, les surtaxe aériennes)
Anglais
Les anglais utilisèrent, pendant la campagne de Norvège, les cachets FPO 115, 125, 126, 179, 180
Après la libération quelques troupes anglaises stationnèrent en Norvège et utilisèrent les cachets FPO 343, 344, 811, 812. Toutes ces marques sont rares.
Américains
Des troupes américaines (99ème bataillon) stationnèrent sur le territoire norvégien à partir du 14 mai 1945. Les numéros de APO (american post office) furent 57 et 544.
Divers (1940)
D’autres volontaires aidèrent les norvégiens lors de l’attaque allemande. Les scans ci-dessous proviennent d’un ouvrage consacré à la dizaine d’estoniens qui se rendirent à Narvik (la lettre ci dessous a été par un membre de ce bataillon, censure estonienne à l’arrivée)
Allemands
En avril 40, environ 50 000 soldats allemands entrent en Norvège. En avril 43, ils seront plus de 350 000.
Les militaires allemands bénéficient de la franchise (jusqu’à 250g) à partir du 29 mai 41.
Après la guerre, des allemands furent incorporés au sein d’unités de démineurs
Norvégiens
5 000 à 8 000 norvégiens (selon les sources) ont combattu au côté des allemands soit au sein d’unités norvégiennes (6 juin 40 : création de la SS paramilitaire« Nordland », puis en 41 de la légion de volontaires SS « Nordland », regroupés en 43 au sein de la SS « Norge »). Le régiment Nordland comprenait aussi des danois. L’entrainement eu lieu en Autriche, avant d’être installée à Heuberg (Allemagne du Nord). La Norske Legion a été créée en juin 40 (dissolution en mars 43 (un timbre lui est consacré, émis en 41). Leur courrier était normalement censuré par des inspecteurs de la SS. Des norvégiens ont aussi combattu au sein d’unités allemandes.
On trouve aussi des norvégiens au sein de l’organisation Todt et N.S.K.K.
Mais des norvégiens ont aussi combattu au côté des alliés (43 000). Une « Norwegian army field post » a fonctionné en Grande Bretagne et, au Canada un « Norwegian Air Force camp » a été ouvert près de Toronto (puis un deuxième près à Muskoka). Enfin, de nombreux norvégiens se réfugièrent en Suède. Ils pouvaient être regroupés dans des camps. Leur correspondance était alors censurée par les autorités militaires suédoises.
Marine norvégienne
Une part importante de la marine tant civile que militaire est partie combattre aux côtés des allies (au total, un millier de navires et 30 000 marins). Les marins bénéficiaient d’un système postal particulier (NORSK SKIPSPOST). 6 timbres ont été émis par le gouvernement en exil (autour du roi) dans un but philatélique.
Flammes postales civiles
La poste norvégienne dut participer à la campagne antibritannique « Victoria », et de nombreuses villes utilisèrent, d’aout à décembre 41, des flammes spéciales. Des timbres furent surcharges V.
On rencontre aussi d’autres flammes liées à la situation :
Prisonniers
- Durant la guerre entre l’Allemagne et les alliés, en Norvège (avril-juin 40), un certain nombre de soldats allemands ont été fait prisonniers. Ils ont été transférés dans un camp situé sur une ile, à l’extrême nord de la Norvège (ile de Skorpa, conté de Troms). 500 allemands (soldats, civils, marins) y furent internés
- Les allemands ont ouvert de nombreux camps. Les deux principaux sont les stalags 322 et 330, dans lesquels furent internés principalement des soviétiques (plus de la moitié des internés). Les correspondances sont quasi introuvables. Il y avait aussi des camps pour héberger les membres de l’organisation qui participèrent à la construction du mur de l’Atlantique (plusieurs milliers de français ont travaillé pour le STO en Norvège). Les 2 principales zones dans lesquelles des français du STO travaillaient étaient Porsgrunn (voir lettre ci-dessous) et entre Bergen et Stavanger. Les SS avaient un camp à Baerum. Un ouvrage publié par The Narvik War and Peace Center indique qu’il y avait environ 130 000 prisonniers de guerre et travailleurs forcés (ou STO) ont été envoyés par les allemands en Norvège. 13 700 soviétiques et 2 400 yougoslaves sont morts en Norvège.
Grini, dans la banlieue d’Oslo, était aussi un camp de concentration, principalement destiné aux prisonniers politiques norvégiens. Il fut ouvert le 2/5/41. Plusieurs sous-camps de travail dépendaient de Grini. Après la libération, des collaborateurs y furent internés. Il y avait un camp géré par la Waffen SS à Mysen, près d’Oslo (on peut trouver des lettres).
- A la fin de la guerre, environ 300 000 allemands, présents sur le territoire norvégien, furent internés dans des camps par les anglais et les norvégiens. Il y avait en outre des unités spéciales de démineurs.
Environ 700 juifs (sur 1 400) ont été déportés dans les camps de la mort allemands.
Censure
On peut distinguer 3 périodes :
- Avant l’occupation allemande. L’ouvrage de Stich indique que quelques lettres ont été censurées pendant la période de combats d’Avril-juin 1940. En plus des cachets ci-dessous, des bandes de censure étaient utilisées (par exemple avec le texte « Passert ukontrollert/Postkontrollkontor n° x/Kontrollor nr. X). Les courriers vers l’étranger pouvaient être censurés par les anglais ou les allemands, même en transit.
Les lettres de/vers l’étranger pouvaient être interceptées par les anglais:
- Période d’occupation allemande : Lors de la reprise du courrier fin avril 40, le courrier tant national qu’international est censuré dans des bureaux situés à Oslo (qui fonctionnera jusqu’à début mai 45), Trondheim (fin novembre 40 à avril 45), Voss et Stavanger. A partir de juillet 40 la censure du courrier domestique cesse progressivement, et seul les bureaux d’Oslo et de Trondheim restent. Il semble qu’une des dernières lettres censurées par les allemands l’ai été à Oslo le 5 mai 1945 (j’ai vu une lettre censurée à cette date, postée à Oslo)
Ci-dessous deux des cachets utilisés à Oslo:
Ceux des autres villes sont des scans du livre de Landsmann:
La lettre « o » est attribuée au bureau d’Oslo à partir d’Octobre 40. Il ne censure que le courrier entre la Norvège et les autres pays scandinaves (mais parfois vers les autres pays).
A Oslo, on retrouve les traditionnels cachets avec l’aigle (et en 45 la lettre « o » en plus) pour le courrier censuré, ou un cercle Ao pour les lettres non ouvertes. Les bandes sont du type « standard » avec la lettre « o », et le mot Zensurstelle à partir de décembre 44.
Le 27/11/40, un bureau a été ouvert à Trondheim (lettre « t »), pour inspecter le courrier entre le nord de la Norvège et la Suède. Ce bureau a fonctionné jusqu’à la fin de la guerre.
Pour les pays autres que ceux censurés par le bureau d’Oslo, c’est celui d’Hambourg qui s’en chargeait (lettre « f »), voire Berlin (b), Francfort (e) ou Munich (d) en fonction de la destination finale de la lettre (ou de sa provenance)
Ci dessous un scan d’une rare censure de la Gestapo du camp de Grini (près d’Oslo). Octobre 1944
- Période de la Libération
En outre, les courriers des unités norvégiennes combattant aux côtés des alliés étaient censurés (en Grande Bretagne, numéros de censeurs compris entre 2696 et 2978)
En 1945-46, une censure a fonctionné en Norvège. Il n’y a pas de cachet sur les bandes de censure. Il existe deux modèles de bande, que l’on distingue par la taille de la couronne (12 mm ou 17 mm).
Croix Rouge
Le premier message enregistré date du 17 aout 1940. 216 700 messages ont transité par ce circuit. L’ouvrage de Nadal présente 2 modèles de formulaires à l’entête de la Croix Rouge de Norvège, le 2ème faisant aussi référence à la Croix Rouge allemande
Undercover mail
A Londres, la PO Box était utilisée par l’armée norvégienne, la PO box 291 par la navy norvégienne
A Lisbonne, la légation norvégienne était située au 31 de la rua de Rosa Araujo, la BO 581 pour les correspondances avec la Norvège
En Espagne, à Cartagène, une adresse (Acre), appartenant au consulat, permettait des correspondances entre la Norvège et l’Angleterre
En Suède, à Stockholm, la PO Box 7304 était utilisée par les norvégiens ayant fuit leur pays et ayant rejoint le S.O.E. , le service des opérations spéciales anglais
Diverses adresses existent aussi à New York pour la flotte civile et militaire. Une partie de la flotte norvégienne s’est réfugié au Canada, à Halifax (Nouvelle Écosse). Pour écrire aux marins (et non marins) réfugiés au Canada, des civils norvégiens adressaient leurs lettres à la Box 252, Grand Central Annex, New York (par exemple: to « seaman XXX S/S Pelagos C/O Post Box 252 grand Central annex post office NY »). Ces enveloppes portent une marque de censure allemande ET canadienne, ce qui prouve qu’elles étaient alors (transmise par Thomas Cook & Sons) des USA vers le destinataire au Canada. Lorsque les américains entrent en guerre, ce service est suspendu.
Les 2 scans ci-dessous sont extraits d’un article du CCSG: