U.R.S.S. : occupation allemande (1941-45). Marcophilie

On distingue trois zones administratives. Le RKO (Reichkommissariat Ostland –les territoires de l’Est)-), le RKU (Reichkommissariat Ukraine) et les zones de combat.

Plusieurs cartes donnent une idée des découpages et redécoupage de ces territoires !

1-1 Ostland. Ce Reichkommissariat, créé le 1er septembre 1941 – et dissout le 10 novembre 1944- comprend les ex-Etats Baltes (qui sont traités dans une autre partie de ce site), la Biélorussie (dans ses frontières de 1939, à savoir l’ex RSS de Biélorussie) et une partie de la Pologne qui en 1939 avait été intégrée par les soviétiques à la RSS de Biélorussie suite à l’entrée de l’armée rouge dans ce pays (entre autre, les villes de Wilno =Vilnius, et de Nowogrodek). La capitale de l’Ostland est RIGA (REVAL en allemand)

La Biélorussie (soviétique) a été démantelée : une partie a été rattachée à l’Ukraine (Pripjet), une partie (Bialystok) a été rattachée à la Prusse orientale (donc au Reich), tandis que la « Ruthénie blanche » , (c’est à dire la région de Minsk) a été rattaché à l’Ostland (capitale Riga). L’est est resté sous administration militaire allemande car c’était considéré comme une zone de combat.

1-1-1 Poste allemande de service (Dienstpost) en Ostland (partie ex Biélorussie, le fonctionnement dans les ex Etats Baltes est traitée à part)

La Dienstpost, comme dans certains autres territoires occupés, était en charge du courrier des administrations, entreprises allemandes (et certains citoyens allemands). Elle ne fonctionne pas dans les « zones de combat », mais uniquement en Ostland (et en Ukraine).

En outre, les travailleurs forcés envoyés en Allemagne utilisaient les services de la Dienstpost. En effet, de très nombreux biélorusses ont été envoyés dès novembre 41 en Allemagne (travailleurs forcés : Ostarbeiters). Au total, en 1944, 2 à 3 millions de soviétiques travaillent pour le Reich). C’est la poste de service qui se chargeait de leur courrier (carte réponse, petits colis). Il en est de même pour les correspondances de prisonniers de guerre. Courant 1942, les autorités allemandes autorisent l’envoi par chaque travailleur de 2 cartes réponses, comme le modèle ci-dessous (émis le 15 mars 43). Ces informations sur le courrier des Ostarbeiters sont valables pour l’Ukraine et l’Ostland. Dans un article des années 70, le TRST donne les informations suivantes: été 42, environ 1 million de travailleurs de l’est avaient été envoyés en Allemagne. Le double un an plus tard. En novembre 42, chaque travailleur reçoit 2 cartes réponse, données par le commandant du camp où il travaille. Une fois écrite, il la remet au commandant, qui la dépose à la poste. Si le destinataire est en Ostland, la poste transmet la carte à l' »Auslandbriefstelle » de Köningsberg pour censure. Si le destinataire est en Ukraine, la poste transmet la carte à l' »Auslandbriefstelle » de Berlin. A partir de 1943, le travailleur pouvait acheter lui même la carte dans un bureau de poste. Début 43, un nouveau modèle de carte est vendu (utilisation obligatoire le 15 mars 43).

On peut trouver sur les correspondances des cachets russes mutilés (voire polonais), et des cachets de type allemand avec ou sans la mention « Deutsche Dienstpost Ostland ».

Les villes suivantes disposaient d’un bureau de Poste de service :Baranowitschi (Baranowisze en Russe), Glebokie (Gluokoje en polonais), Hansewtsche (Hancewizce), Minsk, Molodetschno (Molodesczno en polonais), Nowogrodek (Nowogrodek en russe), Slonim, Slusk, Smolewitsche, Stolpce, Wileika). Ci-dessous, quelques exemples de lettres ayant utilisé la Poste allemande de Service :

Ci dessous un extrait du catalogue de Schlutz sur la poste allemande de service:

Cas particulier de Pleskau (Pskov en russe) : Pleskau ne dépend pas du Reichkommissariat Ostland, mais du groupe des Armée du Nord (Kommandantur 611), d’où le retard à la mise en place d’une poste allemande de service (qui a été mise en place uniquement en raison de la présence de nombreux allemands dans cette région). Lors de l’émission des timbres de Pleskau (avant la, mise en place de la poste de service- voir rubrique « timbres »), trois cachets à date russe auraient été utilisés (lettre a ou g à l’arrivée, lettre k -comme la carte ci-dessous- au départ). Le service postal est rétabli le 7 aout 41. Exemple ci-dessous

Le 1er mai 42, un bureau de la poste allemande de service fut mis en place à Pleskau (une agence fut ensuite ouverte à Slantsy -située en territoire russe tout comme pleskau-, car dans cette zone des puits de pétrole étaient exploités).

1-1-2 Poste civile

En Biélorussie (une région beaucoup plus « arriérée » que les ex-Etats Baltes, qui disposeront d’une poste civile), seuls des bureaux de la poste allemande fonctionnaient (il n’y avait pas de personnel local disponible). L’administration des exploitations agricoles soviétiques – les sovkhozes et les kolkhozes – fut prise en charge par des allemands. Ainsi put se constituer une « Société commerciale centrale pour l’Est » (Zentral-Handelgesellschaft Ost) dont le courrier était acheminé par porteur entre les petites localités et l’administration centrale. Avant la fin de l’année 1942, les petites localités furent également prises en charge par la poste de service, pour assurer le rare trafic des civils

1-1-3 Censure

Sans en avoir la certitude, je suppose que le courrier pour l’ex Biélorussie était censuré à Konigsberg, comme celui destiné aux ex-Etats Baltes.

Le catalogue Landsmann indique qu’en 1942, un bureau de censure a fonctionné à Glebokie (ville polonaise annexée à la RSS de Biélorussie en 1939 -Hlybokaye en Biélorusse), puis intégrée à l’Ostland. Pas d’autres précisions

1-1-4 Camps

Il existait au moins un stalag près de Minsk (Stalag 352). Il fut ouvert en juillet 41, pour interner des prisonniers soviétiques. Il y avait 2 entités et de nombreux satellites. La mortalité était effrayante. Il fut libéré en juillet 44.

 

A 12 km de Minsk, un camp considéré par certains ouvrages comme un camp d’extermination: le camp de Maly Trostenets. Ouvert en novembre 41 pour des prisonniers de guerre soviétiques, des juifs y sont transférés depuis le ghetto de Minsk mais aussi d’Allemagne, d’Autriche et de Tchécoslovaquie à partir de mai 42 pour y être exécutés. Je ne sais pas si ce camp est le même que le Stalag 352 cité ci-dessus.

1-2 Ukraine (région de l’ex RSS d’Ukraine)

1-2-1 Dienstpost (poste de service allemande)

Comme en Biélorussie, c’est la Dienspost qui se chargeait du courrier dans le Reichkommisariat Ukraine. Elle a commencé à exercer en septembre 41.

La partie de l’Ukraine envahit par la Roumanie (Transnitrie) est traitée dans la section Roumanie de ce site. C’est la Roumanie qui se chargeait du système postal (timbres roumains, censure…).

Il faut aussi noter qu’en 1939, la Russie a envahit et annexé une partie de la Pologne (Ukraine occidentale). Mais suite à l’invasion de l’URSS par le Reich en 41 et des redécoupages qui s’en suivirent, une partie de la Pologne (de 1939)  et de l’ex RSS de Biélorussie ont été « englobée » par le Reichkommissariat Ukraine, et a donc adopté le système postal de ce territoire. C’est le cas de la ville de Rivne (en ukrainien –Rowne  en polonais), tandis qu’une autre partie, qui avait été annexée par l’URSS en 1939 est « rendu » à la Pologne (en fait, au Gouvernement General : la Galicie, avec Lemberg- Lvov comme ville principale). Pour « compliquer », le territoire de Polésie, qui appartenait à la RSS d’Ukraine avant la guerre, est annexé par le Gouvernement General de Pologne en 1941. Les timbres du Generalgouvernement y sont donc bien sûr utilisés.

Enfin, une partie de l’ancienne RSS d’Ukraine est sous administration militaire allemande (la zone comprise entre le ReichKommissarat d’Ukraine et les troupes de l’armée rouge) : les règles postales ne s’y appliquent pas

Le Reichkommissariat d’Ukraine est créé le 1/9/41. Comme dans la partie de l’Ostland qui correspondait à l’ex RSS de Biélorussie, les fonctionnaires allemands seront très présents dans l’administration postale.

Pendant l’offensive allemande de juin 41, de nombreuses infrastructures ont été détruites, y compris postales. Les postes ne purent donc pas ouvrir rapidement (de plus, le personnel manquait). Cependant, dans la partie qui appartenait autrefois à la Pologne (ville principale :Brest-litovsk), la remise en route des services postaux, avec des cachets postaux du generalgouvernement fut plus rapide. Dans la région ex-russe, des tentatives de remise en route du système postal ont quand même eu lieu, et des timbres locaux ont même été émis (voir section timbres de ce site), à Sarny, Wosnessenske et Alexandrovska. Pendant la période qui précède la mise en place de la poste de service, un système postal « précurseur » a existé, principalement pour permettre aux chefs allemands des anciens kolkhozes de correspondre avec les autorités allemandes. Un système de porteur fut mis en place, et des cachets soviétiques mutilés ont été utilisés. Ces cachets ont parfois continués à âtre utilisés après la mise en place de la posta allemande de service (et l’utilisation de timbres Hitler surchargés « Ukraine »). Les travailleurs ukrainiens en Allemagne utilisaient la poste de service aussi à partir de mi 42 pour correspondre avec leur famille. Cette poste « par porteur » a progressivement été remplacée par la poste allemande. Les enveloppes transportées par ce moyen sont extrêmement rares (très peu ont survécus à la guerre !). Enfin, des entiers soviétiques surchargés de l’aigle hitlérien ont été utilisés pour un trafic local.

Schlutz répertorie 149 bureaux de la poste allemande de service en Ukraine, qui ont progressivement ouvert (puis fermé) entre 1941 et 1944. S’y ajoutent plusieurs centaines d’agences postales.

Ci dessous un extrait du catalogue de Schlutz sur la poste allemande de service:

Au début de leur activité, les bureaux de poste de service utilisaient généralement un cachet russe ou polonais modifié, en attendant l’arrivée des cachets allemands normalisés. Par contre, l’utilisation d’étiquettes de recommandation russes ou polonaise est beaucoup plus rare.

Quand ils furent disponibles (fin 41), les bureaux de la poste de service ne vendirent que les timbres Hitler surchargés. Mais les timbres allemands (et ceux du generalgouvernement) continuèrent à être utilisés.

1-2-2 Poste civile

Comme en Biélorussie (Est de l’Ostland), il n’y a pas eu de poste civile ; seule la poste allemande de service fonctionna. Cette  poste de service se chargeait du courrier de la poste de campagne, des travailleurs en Allemagne, des prisonniers (à partir de 1943) et, comme dans les autres régions où elle a existée, du courrier des entreprises, des autorités allemandes et de leurs employés. Les employés de l’administration postale bénéficiaient de la franchise.

Les lettres ordinaires jusqu’à 250 grammes et les cartes postales étaient autorisées. Aucun service des paquets ne fut prévu pour la population civile. Les usagers civils de la poste en Ukraine devaient remettre leurs envois aux guichets sans affranchissement. Celui-ci était effectué contre paiement par les fonctionnaires aux guichets, au tarif du régime intérieur allemand. Le décret du 19.3.1943 limita le service postal général aux cartes postales. En d’autres termes, le courrier de la population autochtone est rare.

L’évacuation de l’Ukraine commença le 1er juillet 1943. Quelques timbres « locaux » (voir la partie timbres) ont été émis pour palier le départ « trop rapide » de la poste de service de territoires encore sous contrôle des troupes allemandes

1-2-3 Censure

Le catalogue Landsmannindique que le courrier en provenance (ou à destination) de l’Ukraine était censuré à Berlin. Ce même catalogue indique qu’une censure a existé en 1942 dans la ville de Charkow (Kharkiv en ukrainien).

1-2-4 Camps de prisonniers

En raison de l’avancée rapide des troupes allemandes lors de l’offensive de juin 41, de nombreux camps de prisonnier de transit (Dulag 131, 160, 162…) ont été installés en Ukraine. La mortalité y était effrayante. Les prisonniers étaient ensuite transférés plus à l’ouest (ex Pologne…)

1-3 Zone de combat

C’est la Feldpost qui se charge du courrier dans les zones de combat (à savoir, la zone « fluctuante » comprise entre les frontières orientales de l’Ostland-Ukraine et la ligne de front). Même les entreprises allemandes installées dans cette région (et leurs employés, allemands ou non) durent utiliser les services de la feldpost

Les travailleurs russes présents en Allemagne ont pu utiliser les services de la feldpost quand leur famille était située hors des Reichkomissariat (Ostland/Ukraine)

Au fur et à mesure de l’avancée des troupes russes, le système postal soviétique (civil et militaire) s’est à nouveau imposé dans ces régions..

La poste militaire des troupes de l’axe combattant en URSS est trop compliquée pour entre dans le cadre de ce site généraliste. En effet, ont combattu dans cette région des troupes allemandes, de pays alliés aux allemands (slovaques, hongrois, roumains, italiens, croates), des unités constituées de citoyens de pays divers, occupés ou non par les allemands (français, belges, suisses….) qui rejoignirent les unités allemandes. Ceux-ci utilisaient soit les services de la feldpost allemande, soit leurs unités avaient leur propres services postaux (ou tout au moins utilisaient des cachets postaux spécifique).

De nombreux soviétiques rejoignirent plus ou mois volontairement les unités allemandes. Ils étaient généralement utilisés à des taches de ravitaillement, de surveillance : légion arménienne (3 000 hommes), Azéris, Géorgiens (4 000), Kalmouls, caucasiens (15 000 hommes), cosaques (53 000), russes (20 000), tatars (10 000), turkestan (180 000), Ukrainiens (25 000) et russes blancs. Ces unités de peuples de l’Est ont d’ailleurs pu séjourner hors de la zone de combat de l’Est (russes en Bretagne par exemple). Leurs correspondances étaient censurées. Elles sont très rares, car tout soviétique trouvé en possession d’une lettre d’un soldats combattant aux côtés des allemands était exécuté par les communistes.

Poste militaire slovaque:

La Slovaquie la guerre à l’Union Soviétique le 23 juin 1941. Elle envoie deux division sur le front de l’Est.

Poste militaire italienne en Russie  (source : catalogue ALES et AICMP, les dates et numéros varient un peu)

PM 6, 20,  40 (24/7/41 au 27/5/43), 42 (7/7/42 au 7/5/43), 53, 57 (21/1/42 au 19/5/43), 69 (26/6/42 au 26/3/43), 83 (15/741 au 9/1/43), 88 (12/7/41 au 30/4/43), 102 (26/8/41 au 15/2/43), 108 (4/4/42 au 20/3/43), 113 Sez A (15-6-43 au 9-9-43), 116 (25/2/42 au 29/4/43),  117 (12/3/42 au 18/6/43), 122 (18/9/42 au 21/3/43), 125 (15/6/42 au 10/5/43), 126, 127, 128 ( 18/9/42 au 8/5/43), 129 (18/9/42 au 19/12/43), 130 (16/10/4 au 21/3/43), 147 (20/11/42 au 6/6/43), 152 (9/6/41 au 26/3/43),156 (1/10/42 au 28/2/43), 201 (19/4/42 au 28/3/43) 202 (8/8/42 au 16/1/43), 203 (14/11/42 au 30/12/42) :

 

De l’autre côté, l’armée rouge était constituée pour partie de combattants plus ou moins volontaires originaires de pays occupés par l’Allemagne (par exemple, prisonniers de guerre polonais ayant rejoint l’armée rouge, ou les célèbres pilotes de l’escadron Normandie-Niemen).

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