Pologne: contexte historique

A/ 1920 – 1939 La Pologne est (re)devenue indépendante après la première guerre mondiale. Entre 1918 et 1923, de nombreux remaniements territoriaux ont eu lieu (en particulier entre la Pologne et la Tchécoslovaquie, l’Allemagne et la Lituanie) avant que les frontières « définitives » ne soient fixées. . Pour information, en 1939, la Pologne comprenait 65% de polonais, 16% d’ukrainiens, 9% de juifs, 4% de ruthènes, 3% de biélorusses et 2% d’allemands. 15 ans plus tard (soit un an avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale), les remembrements territoriaux recommencent avec leurs cohortes de déportations, massacres.

Le 2 octobre 38, suite aux accords de Munich et à l’ultimatum polonais du 30 septembre, la Pologne occupe la Zone (habitée majoritairement par des polonais) de Teschen (Cesky Tesin en tchèque, Czeski Cieszyn en polonais)? qui appartient à la Tchécoslovaquie. Ce territoire reviendra au Reich après l’invasion de la Pologne par le Reich en septembre 39. Les timbres polonais n’y seront donc utilisés que moins d’un an.

B/ Invasion allemande et russe Le 1er septembre 1939, suite à un ultimatum allemand resté sans réponse (demandant entre autre le rattachement de Dantzig à l’Allemagne, un plébiscite dans le corridor polonais de Dantzig, un transit sans contrôle entre le Reich et la Prusse orientale…) le Reich attaque la Pologne. Le gouvernement polonais fuit en Roumanie le 17 septembre 39. Le même jour, l’U.R.S.S. attaque la  Pologne (accords secrets du pacte Germano-soviétique), et le 28 septembre, la Pologne est partagée en trois zones.

 

  • L’Allemagne annexe 90 000 km² (Wartherland, Dantzig-Prusse occidentale et Haute Silésie). Cette région comprend 4 millions de Polonais, 360 000 juifs et 327 000 allemands. De très nombreux polonais (500 000?) en sont expulsés vers le Gouvernement General, pour être remplacés par des allemands en provenance de la Russie, des Etats Baltes, de Yougoslavie, Roumanie… Les timbres allemands sont utilisés dans cette région (Lodz et Posnan sont les villes principales).
  • Une partie de la Pologne devient le Gouvernement Général (environ 13 millions d’habitants – dont  2 millions de juifs), zone contrôlée mais non annexée par le Reich. Des timbres spécifiques y seront utilisés à partir du 1er décembre 39 (les timbres du Reich, qui avaient été utilisés quelques jours auparavant, continueront à être tolérés jusqu’au 30 septembre 1940. Les villes principales sont Varsovie, Cracovie (capitale), Radom et Lublin.
  • Enfin, la partie est de la Pologne est annexée par l’U.R.S.S (une partie du territoire est rattachée à l’Ukraine, une autre à la Biélorussie). Les timbres russes sont utilisés. Dans les années qui précèdent, le régime soviétique avait persécuté les polonais vivant sur son territoire (considérés comme des espions, membres d’une soit disant « Organisation militaire polonaise »). L’U.R.S.S. justifie cette annexion à la fois pour protéger les minorités non polonaises (ukrainiens 33%, biélorusses 8%) et apporter le socialisme au peuple ”opprimé” par les capitalistes polonais (selon une autre théorie, la propagande soviétique justifie l’invasion afin d’éviter que le Reich n’envahisse toute la Pologne). Les russes ont parfois été bien accueillis par les minorités, tout au moins au début. De nombreux polonais sont « relocalisés »  dans l’URSS (en particulier au Kazakhstan) ou, pour « l’élite » (officiers, chefs religieux, professeurs…) envoyés dans des camps (puis, souvent, exécutés, comme à Katyn). Suite à l’invasion de l’URSS en juin 41, cette zone est annexée à différentes entités administratives: Gouvernement Général, mais aussi Ostland, Ukraine et Prusse Orientale (Suwalki).  Après la guerre, cette partie de la Pologne sera à nouveau annexée par la Russie.
  • La ville de Vilnius, annexée par la Pologne en 1922, est occupée par les russes le 19 septembre 39 puis intégrée quelques semaines à la république soviétique de Biélorussie (du 24 septembre au 10 octobre 39) avant d’être cédée à la Lituanie le 28 octobre 39 –qui sera à son tour occupée par la Russie en 1940, puis par l’Allemagne en 1941 (utilisation de surcharges locales puis des timbres Ostland), puis à nouveau par la Russie en 1944 (mais c’est l’armée polonaise qui a libéré la ville). Pour compliquer la situation, le 6 novembre 1940, une zone supplémentaire a été cédée de la Biélorussie à la Lituanie (mais ces deux territoires étaient, à cette date, sous contrôle soviétique !) L’étude du courrier de cette région est passionnante !
  • Enfin, le tout jeune état slovaque a participé, aux côtés des allemands, à la campagne de Pologne, ce qui lui a permis de récupérer les territoires faisant l’objet de contestation depuis la première guerre. Les timbres slovaques remplacèrent les timbres polonais dans ces territoires ( ville de Jablonka entre autre), et des cachets provisoires sans date furent temporairement utilisés (POSTOVY URAD /blason slovaque / VILLE). La Slovaquie en profita pour annexer quelques villes situées en Pologne, mais qui appartenaient à la Hongrie avant 1920. Tous ces territoires furent rendus à la Pologne en 1945. (source: La Feldpost tchèque, le Monde de philatélistes)

 

C/ « Libération » L’Armée Rouge franchit les frontières de l’ancienne Pologne le 4 janvier 1944. Varsovie sera libérée un an plus tard, et la totalité du territoire polonais en mars 45. Suite aux accords entre les alliés (en particulier à Yalta), la Pologne retrouve son indépendance en 1945. L’URSS annexe la partie est de la Pologne (de 1939). En contrepartie, celle-ci annexe des territoires appartenant à l’Allemagne d’avant guerre. De nombreux transfert de population (polonais, ukrainiens, allemands…) auront lieu, avec son lot de massacres, d’internement dans de nombreux camps.

 

Comme en France, il existe de nombreuses surcharges ”timbre de la libération”, avant que les timbres polonais ne soient utilisés (dont certains imprimés en Russie). Dans les zones libérées par les troupes russes, le système postal recommence à fonctionner progressivement à partir de fin septembre 44. La majorité des lettres que l’on trouve ont été postées dans la partie de Varsovie libérée durant l’été 44, à l’est de la Vistule, appelée Praga.  Elles sont souvent destinées à la croix rouge suisse. En 1945, la Pologne perdra 1/3 de son territoire de 1939 (cédé à l’URSS), et ce malgré la récupération de territoires pris à l’Allemagne

 

D/ Polonais… hors de Pologne Dès la défaite de septembre 39, plus de 100 000 polonais ( principalement soldats et fonctionnaires) fuient la Pologne vers la Roumanie, Hongrie, Lituanie… On trouve des timbres, voire des marques postales ”polonaises” utilisés hors de la Pologne occupée : unités polonaises en France (50 000 soldats polonais étaient en France : 2ème div d’infanterie, 1ère brigade de cavalerie) puis au Royaume-Uni, au Proche Orient, en Afrique du Nord, en Italie. Le gouvernement en exil à Londres émet aussi ses propres timbres à partir de décembre 41. Enfin, dans certains camps de prisonniers, des timbres spécifiques sont utilisés (Oflag IIC, IID, IIE et VIIA). Dès l’occupation, un vrai gouvernement clandestin existe, avec une presse nombreuse, en plus du gouvernement en exit à Londres (qui lui émet des propres timbres).

E/ Mouvements de résistance

En résumé, deux types de résistance sont à distinguer.

  • Celle proche du gouvernement polonais en exil à Londres (qui émettra quelques timbres):

L’ AK : armée de l’intérieur (Armia Krajowa ou AK) liée au gouvernement en exil à Londres,

L’armée Anders, qui quitta l’URSS pour combattre au côté des anglais, et les « combattants de la liberté » (anti-communistes qui combattirent les communistes polonais ou russes à la fin de la guerre, et dans les mois qui suivirent.

  • et la résistance proche de Moscou

le Parti Ouvrier Polonais (PPR, créé à la demande de Staline le 5 janvier 1942 pour succéder au parti communiste polonais).

Le PPR crée le 1er janvier 1944 l’Armée Populaire (AL, Armia Ludowa). Elle intègre entre autre les combattants de la Gwardia Ludowa. L’AL fut intégrée à l’armée polonaise combattant aux côtés des soviétiques  le 21 juillet 44. Elle est donc ”concurrente” de l’Armia Krajowa (AK)home army en anglais ou armée de l’intérieur-, dirigée par le gouvernement en exil à Londres (la rupture entre Staline et le gouvernement en exil à Londres a lieu le 23 avril 1943).

K.R.N. (Krajoja Rada Narodowa). Gouvernement polonais communiste (Conseil National d’Etat) formé en Russie. Créé le 31 -12-43, à l’initiative du parti communiste polonais et du PPR.

Le 22 juillet 1944 est créé le Comité Polonais de Libération Nationale (PKWN), chargé d’administrer les territoires polonais libérés par l’armée rouge. Il est d’inspiration communiste et est connu sous le nom de Comité de Lublin. Appuyé par Staline, il entend contester la légitimité du gouvernement en exil établi à Londres. (Les timbres font souvent allusion au « Manifeste de juillet »).

Le 31 -12 -44 , le PKWN devint le RTRP (gouvernement provisoire de la république polulaire).

Création de la milice populaire (nom de la police en Pologne entre 1944 et 1989), créée par un décret du 7 octobre 44

  • Varsovie se soulève deux fois:

Soulèvement du Ghetto 19 avril au 16 mai 43. Une première révolte, le 18 janvier 43 avait interrompu mes déportations ; les allemands envahissent le ghetto le 19 avril afin de pouvoir les reprendre. Ils rencontrent une forte résistance (il restait 6 000 juifs)

Soulèvement de Varsovie (du 1er aout au 2 octobre 44). Les habitants se soulèvent, espérant que les russes, arrivés à proximité, les aident. Mais les soviétiques laissent les allemands détruire la ville. Pendant la période communiste, les chefs de la révolte (voire les révoltés dans leur totalité dans les années qui suivirent la guerre) étaient vus comme des traitres, car trop proche du gouvernement en exil. Pendant la période communiste, cette révolte est commémorée par un timbre seulement en 1964, alors que celle du ghetto l’est dès 1948.

 

 

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