Plan
- Trafic postal
- Correspondances avec la métropole
- Correspondances militaires
- Marques civiles
- Censures
- Indochinois en France
- à 10- autres
Pour plus d’information, vous pouvez visiter le site histoire-et-philatélie.fr
1 Trafic postal
Malgré la guerre, les bombardements américains, l’arrêt des vols commerciaux, le trafic postal (à l’intérieur du pays) fonctionnera jusqu’à la fin de la guerre. L’achèvement en 1936 de la voie ferrée entre le Tonkin et la Cochinchine permet de transporter efficacement le courrier à travers l’Indochine.
Cependant, suite à l’attaque par la Thaïlande en 40-41 du Laos et du Cambodge, les bureaux postaux des territoires cédés à la Thaïlande suspendent leur trafic postal (Battabang, Pailin…). Quelques bureaux sont ouverts en Indochine pour les remplacer (Swaydaukeo, Krator…).
2 Correspondance avec la métropole
Il s’agit d’un sujet compliqué, en raison des multiples possibilités (mer, avion, mixte), des changements fréquents (les lignes ouvrent, ferment, rouvrent) en fonction des zones de conflit.
2-1 Avant la guerre, le courrier pouvait utiliser la voie transsibérienne, le bateau (uniquement français pour les militaires) ou l’avion.
2-2 De septembre 39 à aout 45
2-2-1 Le transsibérien : les japonais interdisent les liaisons par de transsibérien au départ de l’Indochine. Seules les lettres postées en Chine par des militaires ou des civils peuvent donc utiliser cette voie
2-2-2 Par avion (ou avion + transport terrestre)
Le 3 septembre 39, les vols Air France sont suspendus. Ils reprendront sur l’Indochine le 18 septembre 39. Le dernier vol part de Marseille le 16 juin 1940 (et arrive à Saïgon le 24 juin). Dans l’autre sens le dernier vol part de Saïgon le 16 juin, et arrive à Marseille le 29 juin 1940. Les autorités recherchent donc une autre voie (en partie) aérienne pour transporter le courrier entre la France et l’Indochine. La ligne KLM Lydda (en Palestine) – Batavia (Indes hollandaises) est la plus intéressante. C’est le 14 mai 1940, peu après l’invasion des Pays Bas par l’Allemagne, que le terminus de la ligne KLM reliant les Indes hollandaises à Amsterdam s’arrête à Lydda. Cette ligne effectue une escale à Bangkok, qui est en correspondance avec la ligne japonaise Bangkok Hanoï Canton Taiwan Tokyo, ouverte le 15/07/40. Le courrier est centralisé à Lyon gare avion ou Marseille gare avion. Il est alors transporté par le Simplon-Orient Express (jusqu’à Istanbul), puis par le Taurus Express jusqu’à Alep, puis par un autre train entre Alep- et Beyrouth et enfin par la route jusqu’à Lydda (banlieue de Tel Aviv). Il était aussi possible de prendre à Alep un autre train pour Bagdad, et de là l’avion de KLM jusqu’à Bangkok. La ligne KLM faisant escale en Inde, il est fréquent que les lettres soient censurées par les anglais.
La voie par les États-Unis est aussi utilisable avec la compagnie PAA (Pan American Airways), mais elle est beaucoup plus chère. De France, train pour Lisbonne, puis vol pour New York, San Francisco, Honolulu et Hong-Kong (ou Manille ou Singapour à partir de mai 41 puis liaison aérienne ou bateau jusqu’à Saïgon. (Remarque : le 1er janvier 41 création d’une ligne maritime Macao-Haiphong). Tarif 1,80$ si par Manille ou Hong Kong, et 1,90$ si par Singapour. Soit environ le triple de l’autre voie. Cette voie sera interrompue avec l’attaque japonaise à Pearl Harbor, le 7/12/41.
Exemple des lettres postées pour être transportée par la voie américaine, mais refoulée à Marseille:
Dans les 2 cas, le délai est d’environ 1 mois, mais la route PAA semble plus fiable. Sur l’enveloppe, l’expéditeur doit indiquer la voie choisie. De plus, le courrier via PAA est souvent censuré par les anglais aux Bermudes, ce qui est gênant pour le courrier officiel.
Des courriers censés avoir été transportés par PAA ont un cachet de censure allemand (commission « e »). F. Chauvin suggère que la commission de Francfort avait une succursale secrète à Madrid;
Mais le 28 octobre 1940, le Simplon Express est arrêté (guerre Italie Grèce). La poste recommande donc d’utiliser la voie américaine ou la voie maritime. Le Simplon Express reprend son trafic fin novembre 1940. Entre décembre 40 et le 23 mai 41, des vols entre Marseille et Beyrouth raccourcissent le trajet. Le 6 avril 41, le Simplon Express est à nouveau supprimé. Le courrier peut passer par la Roumanie, ou la Suisse et l’Autriche (donc, censure allemande). Le 10 juin 41, suite à l’attaque du Levant par les anglais, la voie de Lydda est stoppée. Jusqu’en Novembre 41, le courrier passe encore via Bagdad (vols Bangkok Bagdad) puis train via Istanbul et Vienne.
Selon certaines sources, les lettres pouvaient aussi être transportées entre le moyen orient (Lydda ou Bagdad) et Bangkok ou Singapour par la ligne BOAC (British Overseas Airways Corporation). Cette ligne, appelée Horsehoe route, allait d’Afrique du Sud à l’Australie via le Moyen-Orient et l’Asie du Sud Est. Cette ligne a fonctionné correctement entre juin 40 et avril 41, puis a dû changer des escales au Moyen Orient suite au soulèvement en Iraq, et s’est arrêtée en février 42 (chute de Singapour). Les lettres Indochine-France étant fréquemment censurées par les anglais, on peut supposer que certaines lettres aient empruntées cette voie aérienne.
Le courrier peut aussi emprunter la voie maritime via les USA (de Vancouver ou San Francisco vers Hong Kong), mais c’est rare car non proposé aux guichets de la poste (donc pas de tarif proposé au guichet de la poste).
2-2-3 Par bateau
2-2-3-1 Via le canal de Suez
A partir de juin 1940, le courrier était parfois intercepté par les anglais (par exemple, lors de l’escale des bateaux à Port Saïd). Le courrier saisi (celui des banques par exemple) sera distribué en 1946.
Le 17 juillet 1940, le navire Fréderic Roussel, qui venait d’Indochine, est immobilisé à Port Saïd par les anglais. Le courrier est renvoyé en Indochine. Ce sera le dernier bateau empruntant cette voie.
2-2-3-2 En contournant l’Afrique
Puis la voie maritime fonctionnera à nouveau entre octobre 1940 et novembre 1941 en contournant l’Afrique. Les navires reliant l’Indochine à la métropole doivent passer par le Cap de bonne Espérance, sont souvent arraisonnés par les anglais. Le courrier est alors débarqué pour être censuré, parfois remis aux portugais (via les Açores), d’où des délais d’acheminement qui peuvent atteindre un an !
A partir du 10 juillet 41, il existe un transport mixte avion (Marseille Dakar) puis bateau (Dakar Tamatave Indochine)
Le 7 janvier 1942, le navire qui devait partir de Marseille vers l’Indochine annule son voyage. C’est le dernier avant la fin de la guerre.
Dans le sens Indochine-France, le dernier bateau part le 12 juin 1941. Les bateaux ultérieurs seront arraisonnés.
Il existe aussi des liaisons maritimes entre l’Indochine et les colonies fidèles à Pétain -tout au moins en 1941- (Madagascar, Dakar, Casablanca) et avec certaines villes d’Extrême-Orient (Manille, Shanghai… jusqu’à mi 42). Mais les japonais réquisitionnent les navires français
2-2-4 La voie de la Sibérie, via les territoires de Chine sous contrôle japonais, la Russie et la Suisse a été un temps envisagée (fin 40, puis en mars 41). Mais au printemps 43, les postes suisses autorisent le transfert mensuel de 30 kg de courrier via la Suisse, la Sibérie et le Japon (cartes postales). Les cartes sont mêlées au courrier suisse. Mais les soviétiques arrêtent ce système en mai 44 (d’autres sources indiquent que ce sont les allemands qui demandèrent aux suisses de stopper cette possibilité). A priori, concerne le courrier dans le sens Europe-Asie. Mi 42, quelques cartes postales non illustrées ont pu atteindre l’Indochine (depuis la zone occupée) en passant par l’Allemagne (censure « e »), la Turquie, le Transsibérien. Elles mettront plus d’un an à arriver !
La lettre ci-dessous est étrange: tarif voie des USA, oblitérée 1943 (alors que toutes les communications sont arrêtées). A-t-elle atteint la France ?
2-2-5 Correspondance entre la zone occupée et l’Indochine
Dès le début de l’occupation, il était possible d’envoyer des cartes interzones depuis la zone occupée vers les colonies non dissidentes (ce qui est le cas de l’Indochine).
Dans l’autre sens (Indochine vers France), les expéditeurs avaient collé un timbre sur les cartes expédiées. Elles furent donc refoulées par la censure lors de leur arrivée en Zone Occupée.
En février 41, un lot de carte postales familiales vierges sont reçus en Indochine : la correspondance est alors possible avec la zone occupée (ainsi que les mandats-cartes).
2-2-6 Après l’entrée en guerre du Japon
Après l’entrée en guerre du Japon, les correspondances avec la métropole sont quasi interrompues (sauf par télégraphe). Le 8 janvier 1942, plus de liaison aérienne ou maritime possible
En aout 41 est inaugurée une radio d’ondes courtes, la Voix de la France, afin de maintenir un contact radiophonique entre la France de Vichy et ses colonies. La Radio «La Voix de la France» porte suffisamment loin pour être captée en Indochine. Des messages sont régulièrement transmis par cette voie et retranscrits sur cartes spéciales avant d’être distribuées par le service postal. (ce service fonctionne, jusqu’à début 43). Dans l’autre sens, l’émetteur indochinois n’étant pas assez puissant pour être entendu en France, un système de diffusion de messages radiotéléphonique (TSF, en morse) est utilisé: les télégrammes E.F.M. (télégrammes de 7 mots retranscrits) sont étendus à partir du 7 janvier 1942 (E.F.M. = expédition français militaires) à toute la population.
La carte ci-dessous, du 28 décembre (1941 ?) est la retransmission d’un message diffusé par la Voix de la France. « L’émetteur » habite Saint Rambert (Drôme) et le destinataire à Saïgon. C’est le service de l’Information du Gouvernement Général de l’Indochine qui retranscrit le message pour le poster :
On peut trouver des lettres ou des cartes ayant pu « passer » entre la France et l’Indochine en 1942-1943, même si elles sont très rares. Ce n’est que le 19 mai 44 que le gouvernement fait paraitre un avis officiel indiquant la rupture complète des relations postales entre la France (zone nord et sud) et l’Indochine.
2-2-7 Après la capitulation japonaise
Le 10 septembre 1945, le premier navire part de Marseille, avec des soldats de la 2e DB et 305 sacs postaux.
Avec le retour de l’administration française, en 1945-46, le courrier civil vers la métropole est transporté par les avions militaires, tandis que le courrier militaire est transporté par Air France ! Cette situation durera jusqu’à mi 46.
Pendant la période d’occupation du Tonkin par les chinois, les français arrivent à envoyer des lettres en utilisant la mission militaire française auprès de Tchang Kaï chek, en Chine (censure « Troupe française en Chine/ contrôlé au départ »)
2-3 Correspondance avec les colonies ralliées à De Gaulle (dites dissidentes).
Les lettres sont parfois revêtues d’un cachet ACHEMINEMENT AUTORISE/CONTRÔLE POSTAL.
3 Correspondances militaires
3-1 Présence japonaise
En septembre 40, les troupes japonaises entrent en Indochine par le Nord (150 soldats français sont tués lors des combats). Le 22 septembre, un accord est signé entre les français et les japonais: 6 000 soldats s’installent, 4 aéroports sont occupés. En 1941, elles occupent le centre et le sud de l’Indochine. Un « modus vivendi » s’établit entre japonais et français, ce qui évitera sûrement les massacres comme ceux perpétrés par les troupes japonaises dans le reste de l’Asie. Mais en mars 45, les japonais internent les français, civils comme militaires.
En décembre 41, il y avait 63 000 soldats japonais en Indochine (d’autres sources indiquent 75 000, d’autres 63 000 au seul Tonkin + 24 000 en Cochinchine +3 000 en Annam + 10 000 au Cambodge soit 100 000 au total) et de nombreuses entreprises commerciales mixtes chargées de « piller » la colonie.
Le courrier civil des entreprises japonaises (par exemple, une entreprise japonaise basée à Hanoï qui écrit à une entreprise française aussi basée en Indochine) sera censuré par les français ET les japonais (2 cachets de censure), ou deux fois par les japonais (une censure « classique japonaise » + une censure de la police militaire)
Une lettre civile destinée au Japon sera aussi censurée au départ par les français et à l’arrivée par les japonais. Mais on trouve aussi des lettres censurées, à l’arrivée par les japonais (sens Indochine – Japon), et dans le sens inverse, seulement une censure française à l’arrivée.
Les soldats bénéficiaient de la franchise (par voie aérienne : seulement à partir du 8 juillet 42).
Les militaires japonais écrivant au Japon peuvent utiliser des cartes standard (souvent avec le cachet de censure pré-imprimé : le censeur n’a plus qu’à mettre soin cachet personnel) avec dos vierge ou comportant un dessin japonais. Mais ils peuvent aussi utiliser des cartes postales du commerce (avec photo d’Indochine), et bien sûr ajouter en japonais « poste militaire », voire des cartons vierges au format carte postale. On peut trouver un cachet de censure au départ et à l’arrivée. Il n’y a quasiment jamais de cachet d’unité, et, pour des questions de sécurité, rarement la date (manuscrite ou sous forme de cachet postal), sauf pour les recommandés et celles comportant un timbre (surtaxe aérienne) qu’il faut bien oblitérer. On trouve aussi des cartes commémoratives.
Les plis officiels et des civils japonais sont affranchis, et comportent donc un cachet à date.
Les envois sous enveloppe sont beaucoup plus rares.
Enfin, les lettres de soldats en Indochine vers leur famille au japon sont beaucoup plus faciles à trouver que dans le sens inverse.
3-2 Militaires français
Au début de la guerre, la France dispose de 70 000 hommes (dont 12 000 européens) en Indochine, plus assimilable à une force de police qu’une véritable armée. Les troupes d’occupation en Chine sont à Shanghai, Pékin, Tien-Tsin, Hankéou, Canton et Amoy (Kulang Su à Xiamen).
En 1938, création d’une unité de défense (face à la menace de l’expansionnisme japonais) sur une ile au large d’Haiphong, qui utilisera le cachet AGENCE POSTALE / LACACBA – TONKIN
Les marins des FNEO (Forces Navales d’Extrême Orient) bénéficient de la franchise postale depuis 1927. Ils ne paient que la surtaxe aérienne (si le pli est affranchi avec des timbres français, Marseille Naval met une griffe POSTE NAVALE à l’arrivée, s’il est affranchi avec des timbres des colonies, c’est le bureau de la poste navale centrale à Paris qui met une griffe POSTE NAVALE BUREAU CENTRAL).
Les forces armées terrestres bénéficient de la franchise (pas pour la surtaxe aérienne) depuis le 26/8/39. Par contre, il n’existe pas de cachets « poste aux armées », sauf lors de la guerre avec la Thaïlande en 1940-41. On ne trouve que des cachets de vaguemestre (nom du régiment) pour prouver la franchise.
La Légion Française des combattants (association d’anciens combattants) a sa section locale en Indochine, réservée aux « blancs ». Avec la « sureté nationale », elle assure la stabilité du régime, dans le cadre de la Révolution Nationale (voir timbre n° 242).
Le 9 mars 45, l’Indochine ayant décidé de renoncer à son alliance militaire avec le Japon, l’armée nipponne désarme les soldats. La population est internée. (Au Japon, les civils français sont internés sans le camp d’internement de civils ressortissants de pays ennemis, à savoir Karuizawa).
Après la guerre, des troupes métropolitaines débarquent en Cochinchine, à partir de septembre 1945, avec l’aide logistique des anglais et des américains. Il s’agit du CEFEO (corps expéditionnaire français en Extrême-Orient), sous la direction de Leclerc. Le 6 mars 1946, des troupes françaises débarquent à Haiphong, suite à un accord avec les troupes du Vietminh. Le 1er septembre 1945 est créé à Paris la direction de la poste militaire en Extrême Orient, afin que les soldats français qui vont être dépêchés en Indochine puissent communiquer avec leur famille. Différents B.P.M sont créés (181 à Cholon, 405 pour Saïgon ouvre le 28 novembre 45, le 411 à Hanoï toléré par les chinois à Hanoï, uniquement pour le courrier civil…).
Ci-dessous un scan d’un document de message familial militaire (extrait d’une page d’un magazine):
3-3 Militaires anglais
Ils sont les premiers à débarquer en Cochinchine. Le FPO 123 est utilisé à Phnom Penh
Il y a d’autres numéros, mais il ne m’a pas été possible de les identifier. Il est à noter que l’on rencontre des correspondances de soldats français transportés par la poste militaire anglaise.
3-4 Militaires chinois Source : article de F. Chauvin dans Timbres Magazine
Au nord du 16ème parallèle, les troupes nationalistes chinoises sont en charge du désarmement des troupes japonaises (suite à la Conférence de Potsdam (juillet 45). 150 000 soldats entrent en Indochine fin août 1945. Les bureaux de poste militaire française acheminent le courrier des français (civils et militaires) ceux de la poste militaire chinoise celui des chinois (la poste civile est entre les mains des rebelles vietnamiens).
8 bureaux de poste militaire chinois fonctionnent en Indochine (144, 186, 241, 242, 295, 326, 337 et 334) et 6 agences (1303, 1304, 1305, 1308, 1318 et 1330)
Les troupes chinoises quittent le l’Indochine en septembre 1946. Les plis des militaires chinois en Indochine sont difficiles à se procurer.
3-5 Guerre avec le Siam (Thaïlande)
Le 11 septembre 40, le Siam réclame une partie du Laos et du Cambodge. Le 7 janvier 41, les troupes siamoises entrent au Cambodge (il y avait des escarmouches depuis fin septembre 1940).
Les deux cartes ci-dessous montrent les territoires que les français ont dû céder à la Thaïlande (zones hachurées)
Un cachet postal « SECTEUR POSTAL/* » a été utilisé à cette époque. Les correspondances avec cette marque postale sont très rares. Malgré la victoire navale de Koh Chang (Ile thaïlandaise), le Japon impose à la France de céder les territoires cédés à la France en 1907 (500 000 habitants). Des nouveaux cachets postaux, avec le nom « thaïsé » des villes, sont utilisés (Battabang devient Phratabong, Paklai devient Lanchang…). Les postes siamoises reprennent en main les poste ex-indochinoise le 7 aout 1941. Des cartes pré-imprimées en thaï sont remises aux prisonniers français. Ces provinces seront rétrocédées à l’Indochine fin 1946.
4 Marques postales CIVILES
Concernant les Premiers Jours, seule la série émise en octobre 41 pour le couronnement de Norodom aura un cachet qui tient lieu de premier jour. Cependant, certains négociants ont pu réaliser des enveloppes commémoratives spéciales à titre privé.
Afin de bien marquer son attachement à la politique de Pétain, 28 Daguin ont été employés avec des slogans très « politiques » (aimer le peuple et non le flatter, antidémocrate par amour du peuple…) Ces Daguin sont rectangulaires au Tonkin, et carrés en Cochinchine. Ils sont difficiles à se procurer, tout comme le courrier ayant circulé à l’intérieur de l’Indochine. Ils disparaissent début 44. Il semble que les Daguin politiques n’ont pas été utilisés en Annam, Laos et Cambodge.
Il existe aussi des Daguin à connotation non politique (Foires expositions…).
Au moment de la capitulation des japonais, le courrier (même interne) fonctionne très mal. On commence à voir des Daguin (ou autre marques postales) avec des slogans anti-français dès aout 45, même dans le sud.
5 Censure
Sauf exception, le courrier intérieur n’était pas censuré (sauf les lettres en provenance de Kouang Tchéou, mais il ne s’agit pas vraiment de courrier intérieur)
Dès fin aout 39, la censure du courrier est mise en place. 6 commissions sont créées
- A pour le Tonkin (basée à Hanoi). Un cachet Hanoi RP bis est aussi utilisé (voir un peu plus bas)
- B pour l’Annam (basé à Hué)
- C pour la Cochinchine (basé à Saigon)
- D pour le Cambodge (basé à Phnom Penh)
- E pour le Laos (basé à Vientiane)
- F pour Kouang Tcheou (très rare)
- G basé à Haiphong, pour la poste et à Hanoï pour les télégrammes (en raison du nombre important de lettres transitant par le port de Haiphong, le cachet de contrôle télégraphique de Hanoï – lettre G- est utilisé pour le contrôle postal à Haiphong)
De plus, il existe des commission de contrôle télégraphique (CCT). Ces documents sont beaucoup plus rares. Il existe 11 commissions (en raison de l’urgence des télégrammes, il existe plus de commission télégraphiques que postales). Les cachets des 11 CCT sont les suivants:
- G basée à Hanoï (cachet aussi utilisé pour lettres à Haiphong)
- H basée à Haiphong
- I basé à Hué
- J basé à Tourane
- K basé à Saigon
- L basé à Phnom-Penh
- M basé à Vientiane
- N basée à Luang Prabang
- P basé à Paksé
- Q basé à Savannakhet
- et O à Kuang Tchéou
Mais, progressivement, la distinction contrôle postal (CCP) et télégraphique (CCT) s’estompe.
Les cachets sont de 4 types :
- Une puce avec la lettre de la commission et un chiffre (numéro du lecteur)
- Un ovale avec extrémités pointues, que l’on retrouve dans toutes les colonies (OUVERT/PAR/ L’AUTORITE MILITAIRE)
- Un cercle (CONTRÔLE POSTAL/INDOCHINE/COMMISSION x) : Ce cachet est plus rare que dans les autres colonies
- Les lettres passant par la commission de Hanoï sont parfois revêtues d’un cachet HANOI RP BIS ou HANOI BIS (ce qui indique que la lettre a été transmise au bureau centralisateur de Hanoï pour être censurée). Il peut ne pas y d’autre marque de censure que ce cachet.
Les banques, les correspondances officielles (appelés « plis rouge », car les enveloppes sont rouges- ou portent une étiquette rouge) et certains groupements professionnels sont exempt de censure. Il existe de nombreux modèles de cachets (pour les banques). Les bureaux de poste doivent donc faire le tri entre les « dépêches normales » qui ne passent pas par le bureau centralisateur (bureau important où siège une Commission de Contrôle Postal) et les « dépêches bis » qui sont transmises au bureau centralisateur pour être censurées.
Enfin, il est fréquent que les douanes de Saïgon mettent une griffe « Visé par la douane » ou « Vu par la douane ».
Au début, des bandes de censure provisoires sont utilisées. Puis sont utilisées des bandes avec le texte « CONTRÔLE POSTAL MILITAIRE » et, parfois, la lettre de la commission (à priori, ne concerne que les commissions A et G).
Les correspondances avec l’Inde (anglaise ou française – Pondichéry) sont fréquentes. Je suppose que ces correspondances utilisaient la Horsehoe Route (vol anglais faisant escale, entre autre, à Singapour et Calcutta).
Pendant la période d’internement des français (mars-septembre 45), on peut trouver des cartes destinés à des français à « la résidence forcée de Long Xuyen » (entre autre) marqué d’une censure « police de l’Indochine, État Français, Francisque ».
Après le déclenchement de la guerre du Pacifique, les commissions de contrôle d’Indochine sont subordonnées à l’armée d’occupation japonaise. Les sociétés franco-nipponnes peuvent (rarement) être censurées par les japonais.
Lorsqu’ils ont pris possession de la poste en septembre 1945, le Viet-Minh a réutilisé des cachets de censure français ! Mais ils utilisent aussi des cachets propres (K.S. / V.M.). En outre, le courrier est revêtu aussi de marques de propagande. En décembre 46, le gouvernement Viet-Minh qui gérait le Tonkin et une partie de l’Annam. Puis il doit se réfugier dans des maquis, où il émet ses propres timbres
6 Indochinois en France
Du 12 octobre 39 au 6 juin 40, 15 convois d’indochinois partent vers Marseille, soit environ 20 000 hommes (4 400 furent rapatriés en 1941).
En 1941, on estime que 28 000 indochinois sont bloqués en France, principalement des prisonniers et des hommes rattachés à la Main d’œuvre Indigène (M.O.I. : environ 15 000), qui dépend du ministère du travail.
Le courrier de l’Indochine pour les travailleurs de la M.O.I. est expédié en franchise pour le «service colonial de Marseille, courrier des indochinois en France», puis est distribué aux hommes regroupés en compagnies et légions.
7 Le courrier Viêt-Minh
Dès la capitulation japonaise (15 aout 45), le Viêt-Minh prend le contrôle du courrier dans le Tonkin et le nord de l’Annam (timbres surchargés, nouveaux timbres à date, censure). Le Viêt-Minh prend le maquis fin 46. Ces timbres, non reconnus par l’U.P.U., ne servaient que pour le courrier interne, voire pour la Chine.
8 Undercover mail
Dans un article de Timbre Magazine, F. Chauvin signale que des « adresses relais » ont pu être utilisées en Suisse (en 1942), avec transfert du courrier via la Turquie, la Sibérie et la Chine.
9 Internés et prisonniers
Les civils anglo-saxons sont internés au centre d’internement de Mytho, près de Saigon. Ils y restèrent jusqu’à la fin de l’année. Les courriers en de/vers ce camp sont très rares (compter 1 000€). Ils sont censurés par un cachet « CENTRE DE CONFINEMENT/FRANCISQUE/MYTHO »
Pendant la période d’administration japonaise (9 mars au 15 aout 45), les miliaires français sont internés, et les civils regroupés dans certains quartiers de 5 villes. Les soldats peuvent correspondre avec des cartes/formulaires spéciaux, marqués Bureau d’Assistance, Office du prisonnier, mairie de Hanoï (ou Saïgon). Ces cartes sont censurées par les japonais. Les civils utilisent l’entier (rare) de l’Indochine de 12 piastres. Dans un ouvrage sur les camps japonais, Norman Jacobs indique que les camps de prisonniers en Indochine faisait partie du système des camps japonais en Thaïlande, et que les cartes de correspondances ainsi que les cachets provenait de ce pays.
10 Mandats interzone
On trouve des mandats cartes, affranchis d’un timbre, qui ont voyagé d’Indochine vers la Zone occupée, bien que théoriquement il est interdit d’apposer des timbres sur les cartes franchissant la ligne de démarcation. Mais cette partie du mandat carte est conservé par l’administration postale, (seule la partie correspondance est remise au destinataire).
Ci-dessous scan extrait d’un article de Timbre Magazine :
11 Croix rouge
Il est possible d’utiliser des formulaires croix rouge pour communiquer. Les envois passent par Canton, la Turquie… Des messages télégraphiques croix rouge de 25 mots peuvent aussi être utilisés. Entre autre, à partir de février 43, les messages croix rouge sont utilisés pour communiquer entre l’Indochine et l’Afrique du Nord (via le Portugal, la Suisse…).
L’ouvrage de Carnévalé (Messages croix rouge pendant la 2ème guerre) indique que le 1er message a été expédié de Saïgon le 4 septembre 41, et que 6 080 messages ont transité par Genève (chiffre très faible !). L’ouvrage « les formulaires de messages civils… » ne présente aucun formulaire spécifique à l’Indochine. Juste l’emploi du formulaire C61 du CICR, avec transit par le consulat suisse de Canton.