Roumanie: marcophilie pendant la guerre

Territoires perdus

Les territoires perdus par la Roumanie en 1940 (au profit de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS) utilisent les timbres de ces territoires de ces pays. Exemple de la ville de Silistra, une des principales villes de la zone annexée par les bulgares en 1940, roumaine depuis 1913 et qui  restera bulgare après la guerre. Plus bas, voir les cachets commémoratifs hongrois et bulgares.

1 La censure

1-1 Courrier civil

La censure du courrier débuta le 1er juillet 1941. Un bureau de censure pour le courrier, y compris intérieur, fut installé dans la poste principale de chaque chef lieu de province (sauf à Bucarest : un bureau à la poste centrale et un dans la gare du nord). Certaines provinces ont ouvert un 2ème bureau de censure (en plus de celui du chef lieu). Furent concernées les villes de Campina, Cugir, Orsova, Petrosani, Resita et Sarata. Sur le territoire roumain, 53 bureaux de censure existaient. S’y ajoutent 13 en Bessarabie (après l’annexion), puis d’autres en Transnitrie. Certaines correspondances ne sont pas censurées : certaines administrations, certaines banques, les militaires allemands ; une marque « OPRIT A SE CENZURA » ou « SCUTIT DE SENZURA » était alors frappée sur la correspondance.

Ci-dessous, quelques exemples de censures de la première période (mi 41 à fin 42) :

Les territoires annexés (Bucovinie, Bessarabie) suivaient les mêmes règles de censure que la Roumanie. Il en est de même pour la Transnitrie occupée:

9 langues (dont le français) étaient autorisées dans les correspondances.

Au début (jusqu’à fin 42), chaque bureau de censure réalise ses propres cachets : les formes varient donc d’un bureau à l’autre, et le nom de la ville est rarement indiqué.

A partir de fin 42, les marques de censure sont standardisées : chiffre/CENSURAT/ ville/chiffre. Ci dessous, quelques exemples de censures de cette période :

Le courrier était censuré dans le bureau de poste de départ, parfois une 2ème fois à l’arrivée.

Il existe de très nombreux modèles de cachets de censure ; il n’est donc pas possible de les énumérer tous, que ce soit les censures civils ou militaires

Quelques spécificités :

Le courrier diplomatique recevait la marque OPRIT ou SCUTIT

Le courrier vers le Reich, la Turquie et la Hongrie recevait la marque linéaire suivante:

Enfin, les lettres provenant ou à destination de prisonniers recevaient une marque particulière, très simple (par exemple : VAZUT DE NOI/administrator).

A partir de mars 44, certains bureaux ferment en raison de l’avance des soviétiques.

A partir de janvier 45, les correspondances des militaires et des officiels étaient censurées par les soviétiques.Sur les correspondances civiles, une nouvelle marque fut employés : TRAIASCA/REPUBLICA POPULARA/ROMANA. Mais les cachets de la période de guerre ont parfois continué à être utilisés.

Pendant la guerre, le courrier de/vers l’étranger était parfois censuré par les autorités allemandes à Vienne –lettre « g »-, en plus bien sûr de la censure roumaine.

 

En Transylvanie du Nord (zone roumaine annexée par les hongrois entre aout 40 et octobre 44), on trouve de nombreux modèles de censures « locales » entre fin 44 et mi 45.

Après l’arrivée des troupes soviétiques, les lettres vers l’étranger portent une double censure roumaine + russe

La censure cesse le 15 janvier 46.

Le cas de la « route orientale » (voir « rappel historique »). A partir de mi-novembre 44, le courrier vers les alliés était censuré à la Gare du Nord de Bucarest (CENZURAT/nombre) et parfois, en plus, par les autorités soviétiques d’occupation. Pas de censure (ni de marque postale) lors du transit en Bulgarie et Turquie. Puis le courrier était censuré à Alep (entre le 2/12/44 et le 22/8/45).  ou en Palestine (à Haïfa). Les lettres censurées à Haïfa étaient ensuite expédiées en Europe, sans autre censure. Par contre, les lettres censurées à Alep et destinées à la France ou la Suisse étaient censurées à nouveau en Égypte (rarement) et/ou en Grande Bretagne (mais pas à Haïfa)

1-2 Courriers militaires

Les correspondances des militaires sont censurées avec un cachet comprenant le mot « militare »

On trouve aussi les cachets de censure spécifiques aux camps de travail, d’internement…

2 Poste militaire

2-1 Armée allemande.

Feldpost n° 18500 (mission militaire allemande en Roumanie), 40181, 41708, 42462, 43614, 44330, 45924, 46566, 47619…

Dans les différentes unités allemandes (dont la Waffen SS), des allemands de souche (mais résidant en Roumanie) sont incorporés, en particulier des transnitriens.

On peut aussi trouver des lettres de roumains intégrés dans l’armée allemande, ainsi que unités roumaines utilisant les services de la Feldpost allemande.

Enfin, des allemands de souche résidant dans le Banat furent incorporés dans l’armée allemande.

2-2 Armée roumaine.

Avant la guerre (attaque de la Russie en juin 41), les militaires ne bénéficiaient pas de la franchise.

Ensuite, seuls les soldats basés dans les zones de combat bénéficiaient de la franchise, les autres pouvaient seulement utiliser des entiers à tarif réduit. Au début de la guerre (mi 41), des entiers à tarif réduit furent surchargés « GRATUIT ». Ensuite, les entiers en franchise avaient les caractéristiques suivantes :

  1. a) le titre « CARTĂ POSTALĂ MILITARĂ GRATUITĂ » (« FREE MILITARY POSTCARD »).
  2. b) le timbre pré-imprimé sans valeur nominale, type « Roi Michel » (sans « Romania/Posta ») ou les Armes royales type ( seulement « Romania »).
  3. c) la phrase « Această carte postală se va utiliza numai de militari » (ce type de cartes n’est utilisé que par les militaires).
  4. d) un “sceau” circulaire avec à l’intérieur le texte suivant ‘LOCUL SIGILIULUI CENZUREI MILITARE‘ (« EMPLACEMENT POUR LA CENSURE MILITAIRE »).
  5. e) les armes du royaume de Roumanie surmontées de « ROMANIA« .
  6. f) 2 lignes d’instructions : « ATENTIUNE: Nu se scrie nimic în legătură cu armata ! Nu se pune localitatea » (« ATTENTION: Ne rien écrire concernant le service militaire / ne pas indiquer le lieu de l’écriture »).
  7. g) l’adresse « ADRESA TRIMITĂTORULUI: / Numele si pronumele…/ Regimentul… Compania… / Of.. postal militar nr…. » (« SENDER’S ADDRESS: Name and first name…Regiment…Company…Military Post Office No…. »).

Il existe de nombreux modèles, illustrés ou non. On trouve aussi des cartes-lettre. La catalogue Michel en répertorie une quinzaine

Dans un article, publié dans « roumania postal history bulletin » de 1998, repris sur le site « romaniastamps », les numéros de secteurs postaux des armées sont classés en 13 secteurs différents

  • Bs = Liberation of Bessarabia (July 1941)
  • Bu = Liberation of Bucovina (July 1941)
  • Ca = Caucasus (Aug. 1942 – Oct. 1943)
  • Cr = Crimea (Oct. 1941 – May 1944)
  • Cs = Czechoslovakia (Jan – July 1945)
  • Div = Division
  • H = Hungary (Oct. 1944 – Jan. 1945)
  • HQ = Headquarters
  • Iz = Izium [south of Harkow] (Dec. 1941 – May 1942)
  • K = Kuban’s bridgehead (Feb. – Oct. 1943)
  • R = Romania (as it was at that time without Bs and Bu up until June of 1941 and then including them between July 1941 – March/August 1944).
  • S = Stalingrad and Don River (Aug. 1942 – Jan. 1943)
  • T = Transnistria

Il est à noter qu’une brigade d’anciens prisonniers de guerre roumains (entre les mains des soviétiques) est créée par ces derniers en octobre 1943 : la division Tudor Vladimirescu.

L’entier ci-dessous a été expédié par un soldat roumain présent sur le territoire tchécoslovaque, après que l’armée roumaine se soit alliée aux soviétiques

2-3 Italiens 

Les catalogues italiens Alès et AICPM indiquent que le bureau de poste militaire italien PM 40 à fonctionné  du 27-7-41 au 10-8-41, PM 88 (16-7-41 au 8-8-41), PM 89 Sez Stacca fonctionné à Bucarest entre le 15 février 42 et le 1er aout 42, PM 102 (aout 41 à février 42) et PM 113 dans diverses villes entre fin41 et fin 43 (Bucarest, Jasi, Dermanesti, Balta) et PM 152 (23/7/41 au 26/8/41)

3 Camps de prisonniers (source: l’ouvrage de Stich)

Dès septembre 1939, de nombreux polonais (militaires et civils) quittèrent leur pays suite à l’invasion allemande et se réfugièrent en Hongrie et en Roumanie. Les soldats furent internés dans une quarantaine de camps. Certains courriers portent un cachet circulaire « Lagarul refugiatilor/date/nom du camp » ou « Luptator Internat ».

De nombreux camps d’internement ont été créés sur le territoire roumain, par exemple le camp de travail de Nevoiasi (Piatra Olt Caracal), pour des juifs construisant une voie ferrée.

Les juifs sont massacrés par les troupes allemandes et roumaines dans les territoires reconquis en juin 41 -Bucovine du Nord et Bessarabie). Les survivants sont déportés en Transnitrie (territoire russe occupé) à l’automne 41. Ghettos, camps divers sont créés dans ce territoire.

A la fin de la guerre, les quelques soldats allemands faits prisonniers fin 44 ont été remis aux russes. De même, les roumains qui cessèrent le combat après le 23 aout 44, ont parfois été déportés en Russie, par exemple à Oranki.

Enfin, des soldats américains et anglais auraient travaillé dans des camps de prisonniers allemands captures après le retournement du gouvernement roumain.

Il est à noter qu’environ 60 000 allemands “de souche” furent internés dans des camps de personnes déplacées en Autriche et en Allemagne à l’issue de la guerre.

4 Croix Rouge

L’ouvrage de Marino Varnévalé indique que 103 870 courriers ont transité par la Croix Rouge de Genève, le premier datant du 24 mai 1940.

5 Cachets commémoratifs

Les autorités bulgares et hongroises ont réalisés des cachets commémorant l’annexion d’une partie du territoire roumain en 1940.

Les hongrois ont réalisé des cachets VISSZATERT (annexion) des villes roumaines suivantes: Nagykaroly, Szatmarnémeti, Maramarossziget, Nagyvarad, Nagyszalonta, Szilajusomlyo, Zilah, Des, Beszterce, Bànffyhunyad, Szamosujvar, Szaszregen, Marosvasarhely, Gyergyoszentmikos, Kolozsvar, Szekelyudvarhely, Cskszereda, Sepsiszentgyörgy et Kezdivasarhelu

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