CFS (Côte française des Somalis). Marcophilie

Cote des Somalis –CFS- (source principale : « Histoire postale de la côte des Somalis », Le monde des philatélistes 1975 et articles de Timbre Magazine.)

RAPPEL HISTORIQUE

Avant le déclenchement de la guerre, il y avait déjà des différents territoriaux entre la France et l’Italie dans cette région (délimitation des frontières, voire revendication par l’Italie de la totalité du territoire, comme en novembre 38). La France maintient donc sur place une forte  garnison, principalement des tirailleurs sénégalais et des somalis.

Ente juin et juillet 1940, quelques escarmouches avec les italiens (l’Italie vient d’attaquer la France le 10 juin). Le 25 juillet 40, un gouverneur fidèle à Vichy arrive, et la situation s’apaise. La CFS ne se ralliera pas à De Gaulle comme l’AEF et le Cameroun. Suite à l’attaque de la Somalie anglaise par l’Italie  début aout 40, la CFS n’est alors entourée que de Colonies italiennes.

Le 18 septembre 1940, les anglais organisent avec leur flotte basée à Aden le blocus de Djibouti, renforcé par un blocus terrestre en mars 41 quand ils occupent  l’Afrique Orientale Italienne. L’attaque de la CFS par les anglo-français libres est envisagée plusieurs fois, mais ils renoncent pour plusieurs raisons (espoir d’un ralliement sans combat, négociations, éviter de froisser les français pro-Vichy…). La colonie manque de tout, le peu de ravitaillement fourni par les italiens depuis l’Éthiopie, entre aout 40 et mars 41 ne suffisant pas.

Fin 1942, après le débarquement des alliés à Madagascar et en Afrique du Nord, 1/3 des forces militaires françaises à Djibouti rallie la Somalie britannique (que les italiens ont évacuée). Le gouverneur de la CFS décide alors de capituler le 28 décembre 1942, sans combats et les français libres reviennent à Djibouti. La colonie se rallie aux français libres.

Liaisons aériennes

1/ via l’Italie

Depuis 1935, des vols entre Rome et l’Éthiopie (qui vient d’être occupée par l’Italie), la Somalie italienne et l’Érythrée font escale à Djibouti, ce qui permet de transporter le courrier de cette ville vers l’Europe. Puis la guerre interrompt les vols. En aout 40, des vols  Rome Addis-Abeba reprennent (mais plus d’escale à Djibouti).  Des lettres (au début, correspondance familiale) sont transportées par divers moyen de Djibouti jusqu’à la frontière avec l’Éthiopie italienne, où elles sont prises en charge par les italiens. Les lettres transportées par avion à cette période sont censurées à Djibouti et en Éthiopie italienne (et, dans l’autre sens, en France et en Italie). Cette voie de correspondance est supprimée en avril 41 (attaque anglaise contre les colonies italiennes en Afrique Orientale).

Cependant, fin 1941, des vols sanitaires italiens atterrissent encore ponctuellement à Djibouti (depuis Gondar, dernier bastion italien au nord de l’Éthiopie). Ils transportent quelques lettres.

2/ Par des lignes françaises

En 1939, il n’existe pas de vols réguliers Métropole – Djibouti (malgré quelques vols d’essai  à partir de 1931). Mais entre novembre 1940 et septembre 1942, un maintient aérien avec la métropole est mis en place: certaines lettres portent le cachet (philatélique ? propagande ?) « SERVICES AÉRIENS SPÉCIAUX PENDANT LE BLOCUS DE DJIBOUTI »

  • 1er vol : 7 novembre 40. Marseille Bizerte Tripoli (Liban afin de prendre le courrier des militaires malgaches en poste au Liban) Djibouti Diego Suarez. Retour par la même voie.
  • 2ème vol : 3 février 41 : Marignane Bizerte Beyrouth Djibouti (Retour via Bizerte). Des problèmes empêchent l’avion d’aller jusqu’à Madagascar (le courrier, posté en France pour Madagascar, retournera en France et rejoindra Madagascar via Dakar).
  • 3ème vol : 10 mai 41 : Marseille Bizerte Tripoli (Levant) Djibouti (et retour). Vol avec changement d’avion (Marseille Beyrouth suivi d’un vol Beyrouth Djibouti). Deux autres vols (Liban Djibouti AR) ont eu lieu fin avril et début juin 41. Suite au ralliement du Liban à la France Libre en juillet 41, cette voie désormais n’est plus utilisable.
  • 4ème vol : 23 juillet 41  Marignane Athènes (l’escale au Levant est impossible,  d’où l’escale à Athènes, occupée pAr les allemands) Djibouti (et retour via Tunis)
  • 5ème vol : 26 aout 41 Marignane Athènes Djibouti (retour sans escale)
  • 6ème vol au 12ème vol : du 16 septembre 41 au 15 février 42 (même trajets). Au retour, les plis étaient frappés de la griffe « SERVICES AÉRIENS SPÉCIAUX PENDANT LE BLOCUS DE DJIBOUTI ».

Un vol en mars 42 est interrompu à Athènes, et en juin 42 en Érythrée (l’avion est saisi par les anglais, qui occupent la colonie italienne depuis mi 41, et le courrier est distribué à Djibouti après le ralliement de la colonie à la France Combattante : les lettres portent donc une marque de censure des forces françaises libres)

  • 13ème vol : 11 juillet 42 Marignane Tunis Benghazi Djibouti Madagascar (c’est dans le vol retour que l’enveloppe spéciale « journée philatélique 15 mai 42 » était transportée. Celle-ci a été réalisée à 2 000 exemplaires).
  • 14ème vol : 3 septembre 42 Marignane Djibouti (et retour)
  • 15ème vol : 28 septembre 42 Marignane   Athènes Djibouti (et retour). C’est le dernier vol. Le 28 décembre 42, la CFS se rallie à la France Combattante. Donc, plus de vols vers la métropole !

Des lignes aériennes sont alors créées pour relier Djibouti aux colonies ralliées :

22 janvier 43. 1er vol de Beyrouth et Damas

28 janvier 43. 1er vol vers Madagascar

6 février 43. 1er vol vers Brazzaville

Après la libération de Paris, le premier courrier transporté par voie aérienne (Paris-Djibouti) date du 23 octobre 44. En mars-avril 45, des vols de la relève des troupes coloniales portent une marque « TROUPE COLONIALE/PREMIÈRE RELEVE/PAR TRANSPORT AERIEN/ PARIS DJIBOUTI PARIS/ 30 MARS – 15 AVRIL 1945

Lignes maritimes

Des liaisons postales ont ponctuellement lieu avec Madagascar par sous-marin, par boutre, par croiseurs ou par avion (en 1941 et début 42, jusqu’à la prise de Diego Suarez par les anglais le 5 mai 42).

Ainsi, des lettres à destination de la CSF ont pu être acheminées par bateau de Marseille à Madagascar, puis transmises depuis cette ile vers la CFS par un des moyens décrit ci-dessus.

Courrier militaire

Poste navale 39-40 (poste militaire destinée aux marins). Il existait en 1940 un bureau central militaire colonial utilisant le cachet à date circulaire « DJIBOUTI NAVAL ». Il est rare. Comme dans les autres agences postales, un cachet à numéro devait remplacer (printemps 1940) le cachet avec indication géographique. Il semble qu’il ne soit jamais parvenu à Djibouti.

La majorité des soldats présents dans la colonie sont des tirailleurs sénégalais. Afin de « maintenir le moral des troupes », Vichy met en place, fin 41 et début 42 (période du blocus anglais) le principe d’une correspondance gratuite entre Djibouti et l’AOF. Ces militaires bénéficiaires ne paieront rien, même pas la surtaxe aérienne qui sera pris en charge par l’administration (les timbres collés sur les enveloppes correspondant au montant de la surtaxe aérienne Marseille Dakar 3F50 seront achetés par les services militaires et remis gracieusement aux soldats en poste à Djibouti, et semble-t-il, pris en charge par l’administration locale dans le sens Dakar Marseille Djibouti)

 

Censure

Outre le cachet fusiforme classique (OUVERT/PAR/L’AUTORITÉ MILITAIRE, utilisé jusqu’à mars 45), les censeurs de la colonie utilisent, dès les hostilités (et jusqu’à mi 44), un cachet circulaire (CONTRÔLE * POSTAL* / COTE FRANÇAISE DES SOMALIS), ainsi que les puces A (marque du lecteur avec un chiffre allant de 1 à 5).

A partir de 1943, les marques de censure changent. Le cachet fusiforme reste, mais le cachet circulaire n’est plus utilisé. Les nouveaux cachets ont une la croix de Lorraine ; dans un premiers temps, la fabrication des cachets semble « artisanale » :

  • Cachet circulaire de la période précédente avec une croix de Lorraine
  • Cercle de diamètre 20 mm, C et M en bas d’une croix de Lorraine (il existe plusieurs sous-types). Cette marque peut être confondue avec celles du Levant. C M = contrôle militaire. En 1943, on trouve aussi des bandes rouges (ou saumon) sans inscriptions.
  • Cercle de diamètre 23 mm avec FFL en dessus d’une croix de Lorraine, et CP en bas de cette croix (CP = contrôle postal)
  • Triangle (36 x 20 mm) avec une croix, FFL CFS et CENSURE. Les lettres sont refermées par une bande de fermeture neutre.  Puis, à partir de 1944 (à priori), des bandes marquées CONTROLE POSTAL sont utilisées.
  • Puis, à partir de mi 44, des cachets « standard » (rectangle avec une croix de Lorraine, le mot « CENSURE » et un chiffre) sont utilisés :

 

Courrier intercepté

A partir d’aout 40, le courrier par la poste aérienne utilise les lignes aériennes italiennes. Il est donc censuré par ces derniers en Éthiopie, généralement à Addis Abeba (marque SC, initiales de la province dont Addis Abeba est le chef lieu).

Selon un article de STAMPS MONTHLY, du courrier circulait aussi par voie terrestre (ou maritime ?) et était alors censuré en Italie.

On peut aussi trouver des lettres portant une marque de censure anglaise d’Aden, et cela même pendant la période du blocus ! (lettres passées en contrebande ?).

On trouve aussi des lettres censurées en Afrique du Sud. Ce sont des lettres qui ont transité par Madagascar (il y avait des liaisons entre Madagascar et Djibouti), mais dont le bateau a été intercepté entre la France et Madagascar par les autorités sud-africaines.

Cartes interzone

Afin que les résidents de la Côte française des Somalis puissent correspondre avec les habitants de la zone occupée (en métropole), 4 000 cartes interzone familiales sont expédiés fin 1940 à Djibouti. Elles sont utilisables sans surtaxe aériennes (dans les 2 sens !). Il est à noter qu’avant l’arrivée de cartes en provenance de la métropole, des cartes « locales » interzone sont imprimées sur place. Mais un timbre doit être collé dessus : elles sont donc refoulées à leur arrivée en France. On trouve par contre des cartes réalisées localement destinées aux militaires « entête : CORPS D’OCCUPATION DE LA CÔTE FRANÇAISE DES SOMALIS » qui elles sont parvenues en France

Internement

Des européens (accusés d’être en contact avec « l’ennemi ») sont internés à Obock

 

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