1 La CENSURE des correspondances
Dès le 1er septembre 1939, un bureau de censure des communications est mis en place à Singapour, avec des « sous-stations » à Penang (qui contrôle en particulier le courrier terrestre de/vers la Thaïlande, ainsi que le courrier de la KLM de/vers divers pays d’Europe qui, après avoir été trié à Medan, devait aller être censuré à Penang). Des bureaux existent à Bornéo (voir article).
Le bureau de censure de Singapour revêt une grande importance (plus que lors de la 1ère guerre) car la ville est devenue une base navale importante, que des pays non alliés sont proche (Japon, Chine occupée, Thaïlande…) et que beaucoup de courrier aérien (et maritime) transite par Singapour.
Avec l’invasion de plusieurs pays européens en mai 40, l’activité des bureaux de censure de Singapour et Penang diminua fortement.
Le bureau de censure de Penang a été évacué le 18 décembre 41, le personnel transféré à Singapour. La station de Singapour ferma 2-3 jours avant la chute de la ville, le 15 février 42.
Ci-dessous quelques exemples de cachet de censure (en noir et blanc, scan de l’ouvrage « British Empire Civil Censorship Devices » de Konrad Morenweiser)
Il n’existe qu’un seul modèle de bande: blason et, tête-bêche, au dessus et au dessous, le texte « PASSED BY CENSOR »
A partir de mars 1940, un cachet triangulaire est aussi utilisé (les cachets ci-dessus disparaissent progressivement)
Comme indiqué en introduction, de nombreuses censures concernent des lettres en transit.
En premier lieu, les lettres d’Indochine vers la France
Mais aussi des lettres pour d’autres colonies françaises:
Lettres en provenances des Indes néerlandaises
Entre novembre 1938 et février 1940, des cachets rectangulaires, en cadrés (OPENNED BY BRITISH / NAVAL AUTHORITIES) se rencontrent sur les lettres en provenance (ou a destination) de ce territoire et l’Allemagne (et quelques pays neutres, comme la Finlande, le Danemark). Bien qu’il concerne des correspondances civiles, le contrôle est effectué par les autorités navales anglaises. Toutes les lettres avec cette rencontrées avec cette marque ont voyagé par bateau.
la correspondance ci-dessous a peut-être transité par Singapour (si on en croit le texte dactylographié en haut de la lettre), mais elle ne porte pas de trace de censure anglaise (seulement néerlandaise) :
Les lettres censurées par les japonais, après l’invasion de la péninsule malaise, sont plus difficiles à trouver. Le catalogue de Stich ne répertorie qu’un seul modèle :
En raison de la situation très troublée après guerre (guérilla communiste), des correspondances ont continué à être censurées.
2/ Cachets commémoratifs, divers
Dès leur arrivée, les japonais changent les cachets à date :
Cachet commémoratifs japonais
En attendant l’arrivée des timbres d’avant guerre surchargés « BMA », du courrier a été expédié non affranchi. Après la capitulation japonaise (et avant l’arrivée des alliés), ce fut le chaos à Singapour (pendant une quinzaine de jours):
Cachet « commémorant » la période d’occupation japonaise
3/ Prisonniers
Singapour tombe le 15 février 1942. 80 000 soldats de l’empire britannique sont fait prisonniers. De nombreux civils anglais sont aussi.
A Singapour, le camp de prisonnier/d’internement le plus connu est situé à Changi (près de l’aéroport actuel). Les prisonniers/internés peuvent recevoir du courrier via la Croix Rouge de Tokyo. Wikipedia cite d’autres lieux à Singapour (plutôt des prisons), un camp à Port Dickson (Negri Sembilan) -n° 2 et 5- et un camp (n° 1) à Kuala Lumpur
Malgré leur profond mépris pour les soldats prisonniers, les japonais ont fait bénéficier aux indiens prisonniers de guerre d’un traitement « de faveur » par rapport aux autres prisonniers de guerre. Le 17 février 42, 45 000 soldats indiens sont rassemblés à Ferrar Park (Singapour). 25 000 d’entre eux rejoignent l’INA (Indian National Army) pour combattre les anglais (les autres sont tués ou internés dans des camps sous le contrôle de soldats de l’INA).
3/ Croix Rouge
Il n’existerait qu’un seul modèle de formulaire Croix Rouge (scan extrait de l’ouvrage de Marcel Nadal sur les formulaires Croix Rouge):
Ci dessous, photo prise au musée de Changi:
Il est à noter que les japonais n’avaient pas ratifié la convention de Genève de 1929 (traitement des prisonniers de guerre). Le Japon a tout de même accepté des délégués de la Croix Rouge à Hong Kong et Shanghai, mais pas en Asie du Sud Est occupé.
Les correspondances entre la Malaisie occupée et l’Inde sont possibles dès juin 1942 (via la Croix Rouge de Bangkok, ou de Tokyo puis du Caire). Dans le sens (Inde vers Malaisie) , elles sont plus fréquentes (toujours via la Croix Rouge) que dans le sens inverse (Malaisie vers Inde).