Chine Marcophilie (nationaliste et occupée)

Les communications entre la Chine et l’occident. Les quelques lignes ci-dessous ne sont d’un résumé. Les possibilités d’acheminement du courrier étaient nombreuses, variaient souvent en fonction des événements (en Chine, en Europe, dans le Pacifique). Et les informations des différentes sources que je possède ne sont jamais complètes, voire contradictoires.

Avant le déclenchement de la guerre en Europe, il existait trois types de routes pour poster une lettre de Chine vers l’Europe (ou en recevoir)

– voies maritimes

– voies terrestres via la Sibérie (voir plus bas)

– voies aériennes: Imperial Airways depuis Hong Kong, vol (avec une correspondance dans une autre ville d’Asie) KLM, ou Air France. En juin 40, l’utilisation de ces lignes aériennes devint impossible. Puis, progressivement, d’autres possibilités apparurent. Le courrier était alors transporté (pour les villes chinoises de l’intérieur) par avion vers la Birmanie (puis vers Calcutta et Durban), et pour les villes côtières par bateau vers Singapour (et de là par avion). Jusqu’à l’attaque japonaise de Pearl Harbour en décembre 41, des clippers américains de la P.A.A. (Pan American Airways) continuèrent à opérer entre la Chine et les USA. Puis la compagnie chinoise (CNAC) opéra des vols au dessus de l’Himalaya (voir plus bas). Il faut aussi noter que des lettres postées dans le nord de la Chine pouvaient utiliser des lignes aériennes soviétiques.

Censures chinoises

Selon l’ouvrage de Stich, la censure des correspondances a commencé bien avant l’invasion japonaise de 1937, et a continué après la fin de la guerre. Mais la majorité des lettres adressées à l’étranger, qu’elles aient été postées dans une zone sous contrôle des japonais, ou hors de leur contrôle, ne portent pas de marque de censure. Enfin, le courrier « passait » sans grande difficulté entre les zones sous contrôle des nationalistes et celles sous contrôle des japonais via des points d’échange (dans ce cas, ce courrier « domestique » pouvait être censuré).

Dans les zones sous contrôle des japonais, c’est le gouvernement fantoche de Nankin qui se charge de la censure des correspondances (sauf, bien sûr, celles des soldats japonais). La majorité des lettres que l’on rencontre, à destination de l’étranger proviennent de villes qui ont été sous contrôle occidental (Shanghai, concessions diverses).

Le catalogue de Stich explique que la marque de censure la plus commune (généralement rencontrée sur des lettres de ou pour Shanghai) a la forme d’un cercle divisé en 3 parties. Elle est appelée Chia-Yi-Ping-Ting). La moitié supérieure comprend un caractère chinois (4 différents sont recensés, respectivement Chia, Yi, Ping et Ting sur le scan ci-dessous), et les deux quartiers de la partie inférieure indiquent le jour (gauche) et le mois (droite).

Les lettres ci-dessous portent une de ces marques de censure

On trouve la marque ci-dessous sur les lettres par express ou recommandées.

Stich reproduit d’autres modèles de cachets de censure

Lettres non censurées par les chinois

La plupart des lettres en ma possession ne sont pas censurées.

Avant l’attaque allemande contre l’U.R.S.S., les lettres entre la Chine et l’Europe transitaient souvent par la Sibérie.

Les lettres postées dans les villes du centre et du sud de la Chine, restées sous contrôle des nationalistes (et donc des alliés), transitaient par l’Inde. Il existait en effet une route entre la Birmanie et le sud de la Chine, puis un pont aérien américain entre certaines villes de la Chine du Sud et l’Inde, au dessus de l’Himalaya (le « Hump »).

Cette « Route de Birmanie » est une « réactualisation » (avec d’énormes travaux effectués entre 1937 et 1939) d’une ancienne route postale, qui retrouve une utilité stratégique pendant la 2ème guerre Elle permet de relier Chunking (= Chongqing), siège (réfugié) du gouvernement nationaliste de Chiang Kai Sheck à Rangoun, puis Lashio (plus au nord, après la chute de Rangoun), en Birmanie, afin de transporter le courrier sans passer par des territoires sous contrôle des japonais (mais aussi d’approvisionner en fournitures diverses Chiang Kai Sheck). Coupée par les japonais en 1942 (ils ont envahis la Birmanie), elle est remplacée en mars 42 par un pont aérien le « Hump », qui relie l’Assam (province au Nord Est de l’Inde Anglaise, et de là Calcutta) et (entre autre) Chongqing. En janvier 45, la route terrestre est à nouveau rouverte entre l’Inde et Kunming (et, de là, les autres villes du sud de la Chine sous contrôle des nationalistes) via le nord de la Birmanie (c’est en fait une prolongation, vers l’Inde, de la route coupée par les japonais en 1942).

Il est à noter qu’avant la chute de Rangoon le 8 mars 42, une ligne aérienne fonctionnait entre Chongqing et Rangoon (ouverte le 31 octobre 39). Au lien d’être censurées à Calcutta, comme les lettres ci-dessous, les lettres sont censurées à Rangoon, ville d’où les lettres peuvent prendre un vol en correspondance vers Le Caire puis Londres. Mais, pour éviter la censure anglaise, il était possible (jusqu’à mi 41), de faire transiter son courrier par l’URSS et l’Allemagne (par avion ou train). Une ligne aérienne reliait aussi (depuis janvier 42) Calcutta à Chongqing. Je ne sais pas si les lettres ci-dessous ont emprunté le « Hump » ou cette ligne aérienne.

Mais on trouve aussi des lettres pour Hong Kong (ou ayant transité par cette ville) – avant l’invasion japonaise en décembre 41

Il est fréquent que les lettres pour les U.S.A. transitent par le Canada:

Pour terminer, quelques autres exemples de lettres de/vers la Chine pendant la 2ème guerre

Correspondances de la Croix Rouge

Le formulaire Croix Rouge ci-dessous a été posté en Indochine française le 7 janvier 42, pour un membre de la famille vivant dans la Somme. La lettre transite par le consulat suisse basée à Canton (sous occupation japonaise), avant d’être remise à la Croix Rouge allemande (à Berlin ou Paris), puis en Suisse avant d’être remis au destinataire. Ce dernier répond le 30 juillet 43, est remis à la Croix Rouge Suisse le 18 octobre 43. Je ne sais pas si elle est revenue en Indochine.

Internement

Outre les chinois prisonniers des japonais, les occidentaux (alliés) ont été internés, en particulier à Shanghai et dans les autres villes ayant une (ex) concession. A Shanghai, à la demande des allemands, les juifs (en particulier ceux ayant fuit l’Allemagne en 1939-40 via l’U.R.S.S. et le Japon, pour ce réfugier à Shanghai) sont internés dans un ghetto. Ils peuvent cependant continuer à se rendre hors du ghetto (situé dans le quartier de Hongkew) pour aller travailler dans les autres quartiers de l' »ex » concession internationale.

Correspondances militaires

Outre les armées chinoises (nationalistes et communistes), on peut trouver des cartes expédiées par les soldats japonais (censurées par les autorités militaires japonaises), les soldats américains étaient basés dans le sud de la Chine pour aider les troupes nationalistes (le guide « APO by number » répertorie une cinquantaine de numéros d’APO)

Mais étaient aussi présents des soldats italiens, français (et d’autres européens) pour protéger les concessions, des soldats russes (en particulier lors des combats frontaliers de 1938 et lors de l’invasion du nord de la Chine en aout 45.

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