U.R.S.S.: marcophilie pendant la guerre (zone non occupée)

Russie (non occupée par les troupes du Reich)

1 Correspondances philatélique avec l’étranger. (Article de Timbres magazine)

Même pendant la guerre, la diffusion de timbres à l’étranger continue. L’exportation de timbres à l’étranger est interdite. Mais un organisme, le Mezhdunarodnaja Kniga a une dérogation pour vendre des timbres à l’étranger. Les envois sont bien sûr censurés

 

2 Censure (source : ouvrage de Stich et articles du CCSG)

Avant le début de la « Grande Guerre Patriotique », en juin 1941, seuls les courriers suspects étaient censurés. Dès l’invasion allemande, et jusqu’en 1948 (ou 46, selon les auteurs), le courrier intérieur, le courrier des militaires et le courrier vers l’étranger est censuré. Dans les pays occupés par les troupes soviétiques en 44-45 (Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Autriche) la censure russe a été aussi mise en place.

Chaque bureau de poste avait ses censeurs. Dans les grandes villes, des censeurs lisant des langues étrangères (sans limitation) étaient présents.

Le courrier en provenance (à destination) de l’étranger arrivait par ;

  • Archangel (= Arkhangelsk, port sur la mer blanche au NE de Moscou), pour les lettres en provenance de l’Occident, des USA.
  • Bakou (port de la mer Caspienne, en Géorgie) pour le courrier en provenance du Moyen Orient, ou d’Afrique. Avec l’approche des allemands, Tachkent a remplacé Bakou
  • Vladivostok pour le courrier provenant d’Orient, d’Inde, de l’Ouest des USA

On rencontre plusieurs modèles de cachet de censeurs :

  • Pour le courrier en provenance (ou à destination) de l’étranger, un cercle avec une lettre indiquant la ville (M pour Moscou, L pour Léningrad, A.A pour Alma Alta, Tshk pour Taschkent, A-K pour Archangel). Les lettres ouvertes sont refermées par une bande avec un texte en russe (voir la lettre un peu plus haut).
  • Pour le courrier domestique, un texte signifiant «vérifié par la censure militaire »/un blason/un numéro de censeur) ; un 2ème type existe avec sous le blason avec le nom de la ville.  La plupart des cartes que l’on trouve « sur le marché » sont des correspondances entre des soldats et leur famille. Les lettres ouvertes sont recollés, ou refermées par une bande neutre.

Correspondances affranchies (civiles)

Télégramme (censurés ??):

Correspondances militaires (pas de timbres):

 

Outre une censure (à droite, à l’envers), la lettre ci-dessous a un cachet triangulaire qui est une 2ème marque de censure de l’armée (« armée rouge, service du courrier » + « H.K.O. », 3 lettres russes qui correspondent à NKO en caractère latin: il s’agit de l’abréviation du « service intérieur de la défense »). La lettre a été écrite le 21/04/42 (un des 3 cachets à date l’indique) pour un destinataire à Leningrad (le cachet d’arrivée est curieusement « Leningrad-Petrograd 20 06 42) :

En raison, probablement du manque d’enveloppes et d’entiers postaux, les militaires utilisaient souvent des feuilles pliées en triangle:

  • La marque de censure ci-dessous (cachet linéaire ondulé) est plus rare :
  • Les cachets en forme de losange étaient normalement réservés à la correspondance des prisonniers de guerre. On rencontre aussi un triangle avec un numéro (voir plus bas des exemples)

Les plis en recommandé pour l’étranger sont présentés au guichet ouverts. Après censure, la commission de censure militaire les referme au moyen d’une bande et appose son cachet.

3 Lettres en transit

Avant l’attaque de l’URSS par le Reich en juin 41, la voie du Transsibérien était très utilisée pour les correspondances entre, par exemple, le Reich et l’Amérique (nord/sud). Cela permettait d’éviter la censure des anglais qui interceptaient les correspondances entre Lisbonne et l’Amérique (ou via les lignes LATI). Ce transit a pu continuer de manière ponctuelle après juin 41, les lettres ne passent plus par l’Allemagne mais par la Turquie, les Balkans…

4 Camps de prisonniers

Il serait vain de vouloir répertorier tous les camps présents sur le territoire russe pendant la 2ème guerre : goulag pour prisonnier politiques, peuples déportés pour avoir « collaboré » (ou tout simplement été en contact) avec les allemands, peuples des régions annexées (est de la Pologne, États Baltes…) réfractaires à cette annexion, mais aussi bien sûr les prisonniers de guerre allemands (et de leurs alliés)

Il est à noter que l’U.R.S.S. n’étant pas signataire de la convention de Genève sur les prisonniers de guerre, le sort des prisonniers allemands en Russie n’était pas plus enviable que celui des soldats russes prisonniers en Allemagne.

Dans son ouvrage « POW, postal history », Stich explique que, dans un premier temps, les autorités de censure allemande ne distribuaient pas à leur destinataire le courrier en provenance de soldats allemands prisonniers dans des camps soviétiques, afin que la population ne soit pas au courant du nombre élevé d’officiers et de soldats fait prisonniers. Ces mêmes autorités indiquaient à la population allemande que les russes n’admettaient pas de courrier pour les POW allemands. Pour indiquer que c’était faux, les autorités russes lançaient des tracts sur l’Allemagne avec des listes de POW (ou diffusaient sur radio Moscou des noms de prisonniers). De leur côté, les civils allemands essayaient d’avoir des informations via la croix rouge suisse, suédoise, ou le croissant rouge turc ou iranien. Dans un article de 1968, le TRSG  précise que fin 42 quelques lettres de prisonniers allemands ont bien été remises à leur famille, mais qu’elles ont été remises pas des officiels nazis et non par des postiers.

A la fin de la guerre, environ 2,5Mi de soldats allemands étaient entre les mains des russes. La plupart des camps étaient localisés dans la partie européenne de l’URSS. Mais ce n’est qu’en 46-47 que le service postal a pu être établi entre les prisonniers et leur famille, à l’exception des « camps de punition ». Les échanges se faisaient à l’aide de carte-réponse. Au début, les marques de censure sont soit un losange (avec le texte « examiné par la censure de guerre »), ou, plus rarement, un double cercle. Ensuite, on rencontre généralement un triangle avec un chiffre.

Enfin, il est à noter que des russes (ou ukrainiens) fuyant l’armée rouge ont été internés dans des camps de «personnes déplacées » en Allemagne de l’Ouest après la guerre.

De leur côté, 2Mi de soviétiques ont été internés dans les camps de prisonniers en Allemagne. Sans compter ceux qui étaient dans les camps de concentration. Là aussi, pas de correspondance.

 

Enfin, aucun des ouvrages en ma possession ne mentionne l’usage de formulaires Croix Rouge par l’U.R.S.S. pendant la guerre.

 

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