Madagascar et Réunion. Marcophilie 39-45 (sauf censures)

INTRODUCTION

En juillet 1940, le gouverneur de Madagascar reste fidèle à Pétain. Les différents territoires français de l’Océan Indien (y compris Djibouti) souffrent donc d’un blocus anglais. En avril 42, les japonais attaquent des ports à Ceylan, ce qui oblige la flotte britannique du SE asiatique à se replier  dans des ports kenyan. Craignant que les japonais installent des bases maritimes à Madagascar, et afin de protéger leur flotte navigant dans l’Océan Indien, les soldats britanniques débarquent à Diégo Suarez le 5 mai 42, sans avoir prévenu De Gaulle. Le port est pris rapidement, et une administration militaire anglaise est mise en place (BMA) le 16 septembre 42.

Suite au débarquement anglais de Majunga (10 septembre 42)  des combats reprennent  (Tananarive est occupée par les anglais le 23 septembre 42) et durent jusqu’à la capitulation définitive le 6 novembre 42. Dans les accords, il est prévu que la souveraineté française soit maintenue. Dans les faits, les anglais gardent le contrôle de l’ile jusqu’au 7 janvier 43, date à laquelle la France Libre se voit confier le pouvoir dans l’ile (sauf Diego Suarez). En mai 43, le personnel de la BMA quitte le territoire.

Il faut aussi se souvenir que les allemands avaient comme idée de « déporter » 1 million de juif par an d’Europe vers cette ile.

Marcophilie

1 Poste aérienne et maritime  avec la France

Le 27 juin 40, le dernier avion pour la France part de Tananarive. Dès l’armistice de juin 40, Vichy cherche le moyen de continuer les liaisons postales avec ses colonies « fidèles » à Pétain (dont Madagascar). Le 7 novembre 40, après plusieurs mois d’interruption, un hydravion décolle de l’étang de Berre en destination de Diego Suarez (escales : Tunisie, Liban et Djibouti). Un 2nd vol a lieu le 3 février 41. Ce vol atteint Djibouti, mais pas Madagascar (problèmes techniques). Une troisième tentative a lieu en mai 41.

Une liaison maritime, au départ de Marseille reprend du service le 23 novembre 40.

Une liaison aérienne France-Sénégal, suivie d’un transport maritime Sénégal-Madagascar, mise en place le 10 juin 41 permet de raccourcir le délai des liaisons maritimes Métropole- Madagascar (destination finale : Indochine). Mais ces navires sont fréquemment arraisonnés par les anglais au large de l’Afrique du Sud. Cet acheminement mixte via Dakar est suspendu le 9 décembre 41. D’autres sources indiquent que 3 liaisons mixtes ont quand même  eu lieu début 42, avant l’arrivée des anglais sur l’ile.

Les lettres ci-dessous ont été expédiées au cours du 2ème trimestre de 1941 et ont été interceptées en Afrique du Sud, à Maurice (et en Angleterre pour la 3ème):

A partir de début 42, les communications entre la France et ses colonies de l’Océan Indien (Côte des Somalis, Madagascar, Réunion) deviennent compliquées, aussi bien via les lignes maritimes qu’aériennes. Après une suspension en février 42, une tentative de reprise des vols vers Djibouti (avec la perspective de continuer vers Madagascar) en juin 42 se solde par un échec. Mi juillet 42, un vol atterrit à Djibouti (via Tunis et la Libye italienne). Puis ce vol continue vers Madagascar, alors que les forces aériennes sud-africaines sont déjà présentes à Diego Suarez depuis le 10 mai 42. Il retourne à Vichy le 26 juillet 42.

Un premier vol (une griffe spéciale a été créée à cette occasion) à lieu, à titre d’essai, le 9 décembre 40. Le 18 février 41, une ligne aérienne est mise en place entre Madagascar et la Réunion (mensuelle). Après sa fermeture (23 aout 41), les forces aériennes françaises libres ré ouvrent le 20 décembre 43. En février 43, une liaison est établie avec l’AEF.

La lettre ci dessous a été postée à Bangui le 18/2/43, où elle a été censurée (cachet commission E). Le 27/2/43, elle arrive à Tananarive en utilisant le 1er vol AEF- Tananarive (voir cachet). L’adresse à Tananarive étant fictive (même nom d’expéditeur et de destinataire), l’enveloppe est retournée à son expéditeur: cachet du 9/3/43 à Bangui (et nouvelle censure), du 2/4/43 à Fort Archambault, puis du 7/4/43 à Moudou (au Tchad) avant de revenir à son expéditeur situé à Laï, toujours au Tchad

En mai 45, le trafic aérien reprend au départ de Tananarive vers la France. Un vol a lieu le 16 mai via Djibouti, puis un second le 23 mai via le Congo belge.

2 Communication avec les Comores et la Réunion

De rares communications par bateau (éventuellement par sous marin) ont lieu entre Madagascar et la Réunion et Djibouti en 41-42.

Suite au débarquement anglais de mai 42, les communications avec les Comores s’arrêtent. En Octobre 42, des navires anglais touchent Dzaoudzi, aux Comores, ainsi que des boutres « locaux ». Une ligne aérienne entre Madagascar et les Comores (Mayotte) est mise en place le 13 avril 44 (le 1er vol a lieu le 26 avril 44). Le 19 décembre 44, la ligne est prolongée jusqu’à Moroni (Grande Comore), en complément à des vols Diégo Suarez – Mombasa effectués par les anglais depuis mi 42.

3 Communications avec d’autres pays

Les lettres ci-dessous ont, selon leur destination finale, été censurées en Angleterre, aux USA, en Afrique du Sud

Quelques parcours « étranges »

Le lettre ci-dessous a été postée à Alger le 2/2/41. Elle arrive à Diégo Suarez le 19/3/41. Puis elle est censurée à Maurice, 1 an avant l’arrivée des anglais à Diégo Suarez (la bande de censure de Maurice recouvre le cachet du 19/3/41), avant de revenir à Diégo (cachet du 13/6/42) puis d’arriver le 6 ou 7 novembre à Tananarive:

Quant à la lettre suivante, son parcours est tout aussi « tortueux ». Elle est postée le 25/10/43 en Guyane, où elle est censurée. Puis, après un transit à Trinidad (autre censure), elle arrive à Lisbonne le 17/3/44. De là, elle est expédiée au Caire: les troupes françaises libres apposent un cachet B.C.M. 4 (centre de tri et de transit du courrier des français libres au Proche Orient). Le cachet (juin 43, est une erreur: il s’agit de juin 44, car on peut voir un autre cachet des postes civiles d’Egypte, du 4/7/44). Puis la lettre arrive à Madagascar (8/74/44 à Diego Suarez, Majunga le 25/7/44) avant d’arriver à destination (Comores) le 24/8/44

 

4 Cartes interzone : Des cartes Iris sans valeur sont utilisées, puis, à partir de 1941, des cartes spécifiques à Madagascar (en fait, il s’agit d’entiers imprimés avant la guerre parvenus mi 41 à Madagascar). Des cartes Iris ont aussi été utilisées à la Réunion, mais l’entier spécial de la Réunion reste non-émis. Les cartes interzone en provenance de la Réunion sont très rares.

5 Les griffes « taxe perçue »

En raison de la pénurie de timbres, entre décembre 44 et mars 46, une perception en numéraire est possible dans certains guichets : une griffe spéciale est alors apposée (de nombreux modèles existent). Seules les lettres à destination de Madagascar, de la France ou d’une autre colonie peuvent être être « affranchies » de cette manière. Selon un article de timbres magazine (2003), en 1945, les postes malgaches ont vendu 14 millions de francs de timbres et 11 millions d’affranchissement en numéraire !

6 Colis postaux

7 Poste militaire (source : article de Timbre magazine)

7-1 Française

Comme en métropole, un système de secteurs postaux militaire fut introduit en septembre 39 (d’autres sources indiquent décembre 39), et fut utilisée jusqu’en janvier ou février 40. Madagascar se vit attribuer le n° 740. On trouve donc des lettres avec le cachet POSTE MILITAIRE/date/S.P.740. Mais ce n° (740) correspond à une « zone postale ». Celle-ci est divisée en 6 « secteurs postaux », identifiables par une lettre Une lettre avec un cachet POSTE MILITAIRE/date/ S.P.A. aura été postée dans le secteur postal A (Diégo Suarez), B correspond à Fianarantsoa, C à Majunga, D à Tamatave, E à Tananarive et F Saint Denis de la Réunion. Ces cachets sont très rares, car utilisés que quelques mois

A moment de l’armistice de juin 40, Madagascar compte 8 000 soldats, dont 6 000 malgaches et sénégalais.

Une section locale de la Légion des Combattants (pétainiste) est créée.

Le cas de la poste navale de Diego Suarez. En raison des « difficultés » liées à la restitution de la base navale par les anglais aux français (le processus dure de 1943 à 1945), le vaguemestre de l’unité marine utilise les cachets créés au début de la guerre  (Diego Suarez Naval) et un cachet hexagonal ( « poste navale » ou  « Poste navale n° 34 « ).

Puis de juillet 45 à mars 46, les cachets standardisés (suite à la réorganisation de la poste navale en 1943) Bureau naval n° 89 et Poste navale bureau n° 89 sont utilisés. La censure est très spécifique à ce bureau : c’est l’expéditeur lui-même qui l’effectue « sur l’honneur » (quand il s’agit d’un officier).

7-2 Troupes anglaises. L’ouvrage d’Entwiste (British army and fieldpost 39-45) indique que les numéros de Field Post suivant ont été utilisés à Madagascar, tous relativement rares :

226 : de mai à juin 42

596 : 1942

597 : 1942

7-3 Les sud-africains (4 200 soldats)  utilisent un cachet A.P.O.U 51, et les forces de l’East African. Un article de Timbre magazine d’aout 2009 indique que seules 35 lettres en provenance de l’A.P.O. U 51 ont été identifiées ! Ces lettres étaient affranchies de timbres sud africains puis anglais. Deux cachets ont été utilisés par la poste militaire sud-africaine. Le premier (provisoire) indiquait APO U.51 (U pour Union of South Africa), puis est arrivé le cachet indiquant A.P.O. – U – M.P.K. 51, MPK signifiant Militêre Postkantoor. La poste militaire fonctionna 5 mois.

Les forces de l’East African Command, quant à elles, utilisent des cachets avec les numéros d’A.P.O  . 53, 54, 59, 64, 80 et 84

8 Prisonniers

Lors de la capitulation de juin 40, 34 000 malgaches étaient présents sur le sol français.

Durant les combats de 1942, environ 1 200 soldats français sont fait prisonnier (900 rejoignent la France Libre). Des français prisonniers ont été envoyés au Kenya (par exemple au camp de Londiani) ou en Angleterre.

9 Croix Rouge

Les services de la Croix Rouge ont bien sûr été utilisés pour permettre aux familles de communiquer.

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