Avant novembre 1942, le courrier pour la Croix Rouge à Genève allait directement d’Algérie en France par bateau. Il était censuré par les autorités françaises.
Suite au débarquement en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les communications « directes » entre l’ANF et la métropole sont interrompues. L’usage des messages Croix Rouge devient donc le principal moyen de communication entre les 2 zones (dès mi janvier 43).
Le courrier (sens ANF-France), affranchi à 4F, était transporté par bateau jusqu’à Londres, où il était censuré, puis transporté encore par bateau jusqu’à Lisbonne, puis par train jusqu’à Paris (où les allemands le censurait), puis par train jusqu’à Genève, au siège de la Croix Rouge. L’enveloppe était ouverte, et le message expédié en France à la Croix Rouge de Vichy, qui l’affranchit pour l’expédier au destinataire final. Certaines lettres étaient aussi censurées sur une base américaine en Algérie (la base 1109 à Alger, 1107 et 1108 à Oran) – seulement en janvier et début février 1943, voire par les autorités françaises (en ANF). Les américains avaient une confiance « toute relative » en la censure française, tout au moins dans les semaines qui ont suivi le débarquement !
A Paris, le courrier non lu par les allemands recevait un cachet circulaire Ax,
tandis que sur la bande de fermeture du courrier ouvert (puis refermé), les allemands mettaient un cachet Gepruft/Dienstelle Feldpost 24052D (cachet linaire) ou Dienstelle Feldpost n° 24052D (cachet circulaire) :
ou Feldpost 24052D (aussi circulaire). Les cachets circulaires ont un aigle au milieu.
On peut donc trouver des enveloppes avec 4 censures (française en Algérie, américaine, anglaise et allemande à Paris) !
Plus tard (au moins en 1944), le courrier pour la Croix Rouge passe par Madrid et Berlin (par avion ?) car on trouve des lettres censurées au départ (autorités françaises en ANF) et par les allemands à Berlin (et pas à Paris). Enfin, il faut noter que les allemands recouvraient la flamme tunisienne « un seul but, la victoire » d’un cachet noir !!
L’ouvrage de Carnévalé (Message civils de la Croix Rouge) indique:
Maroc: 1er envoi 14 septembre 1941 (563 682 envois)
Algérie : 1er envoi 24 novembre 1941 (926 667 envois)
Tunisie : 1er envoi 1er décembre 1941 (145 333 envois)
Plusieurs type de formulaires ont été utilisés (source: ouvrage de Marcel Nadal)
– un formulaire « générique » (comité de la Croix Rouge, Genève, à 8F, affranchissement perçu pour le parcours pays d’origine-Genève-pays de destination)
– les différents formulaires « FRANCE » de la Croix Rouge (8 types)
Le formulaire ci-dessous (formulaire de Croix Rouge France, légèrement différent du modèle ci-dessus) a été posté en zone sud le 11/12/42, juste après l’arrivée des allemands, à destination de la Tunisie (occupée par les allemands et les italiens). Après un transit par Genève (cachet linéaire du 8 janvier 43), la correspondance transite par l’Italie (cachet de censure italien et cachet de la croix rouge de Rome) avant d’arriver en Tunisie très probablement après le départ des troupes italiennes de Tunisie (mi mai 43), puisque le destinataire répond le 18 juin 1943. La carte repart alors en Suisse avant d’être transmise à la poste française à Paris, qui la met dans le circuit postal le 2 septembre 1943:
– un formulaire « Massage Familiaux entre l’Algérie et la France métropolitaine » à 8frs (pas prévus pour la réponse) et à 12frs (verso utilisable pour la réponse)
– un formulaire « Croix Rouge Française, délégation générale du Maroc, comité de … »: il existe plusieurs variantes
Enfin, les messages Croix Rouge pouvaient être transmis par télégraphe jusqu’à Genève.
Les services du Vatican assurent également un système de communication postale entre l’ANF et la métropole (le Vatican bénéficie de la Franchise postale, selon le décret du 5/2/44)